DERNIERE CHANCE ET THOMMAS THOMPSON*

* UN PREMIER CONTACT, UNE RÉUSSITE..

Une charmante porte de bois ancien s'ouvrait sur une luxueuse écurie récemment aménagée. Le lierre avait envahit la façade de l'endroit et lui donnait sa splendeur. Le grand brun entra et s'arrêta devant chaque box, évaluant un à un les quadripèdes. Une quinzaine de chevaux de prix se reposaient dans leur box, profitant de l'agréable fraîcheur de l'endroit. Le soleil pénétrait par quelques lucarnes percées dans le toit, laissant un doux parfum de fin d'été sur les lieux. La traditionnelle odeur de copeaux régnait dans le bâtiment que l'on devinait aisément vieux de plusieurs dizaines d'années. Thommas s'arrêta devant un box et examina avec plus de soin, plus de profondeur l'alezane qui l'occupait. Il put ainsi constater que la jument possédait déjà une musculature bien développée, pour une quatre ans. Dernière Chance des Arcanes, un beau cheval, vraiment. Le garçon n’attendait qu’une chose, le voir en mouvement, évaluer ses atouts, ses faiblesses. Sans plus attendre, il entra dans les appartements de son désormais cheval et l’approcha avec une infinie douceur, comme à son habitude. L’alezane lui tournait le dos, appuyant son arrière main sur la porte du box. Á l'entente de sa voix, elle le regarda d’un œil curieux et n’hésita pas à s’approcher de l’homme qui venait de pousser sa porte. Dernière Chance n’avait qu’une envie, elle aussi, sortir, fouler de ses sabots l’herbe tendre d’un pré, découvrir les sentiers mis en place aux alentours de l’Académie. Homme et cheval se jaugeaient, se sentait, s’attiraient et cherchaient à établir une relation qui ferai d’eux un couple sans faille. Une légère brise parcourut l’écurie, faisant dresser les cheveux du jeune homme qui opta pour un bon pansage suivit d’une promenade en main et qui sait, peut-être une petite séance de pré...

‘’ Aucune tension ne parcourt mes muscles, je sais que cet homme est quelqu’un de bien, je le sens. Il m’inspire le respect et la confiance. Un pas me rapproche de lui, il tend la main et je baisse la tête pour aller la sentir, quémandant des caresses, j'appuye mon chanfrein contre son bras. Je relève l’encolure en un mouvement de fhlemmen, analysant l’odeur de ce cavalier. Sa douceur me rend curieux, son attitude aussi. Un contact est créé, un lien se tisse lentement, il nous aura fallut deux minutes pour s’adapter, combien en faudra-t-il pour se comprendre ? ‘’

Dernière Chance me pousse légèrement la main de son nez, comme si elle me demandait quelque chose. Ne la connaissant pas encore bien, j’hésite entre friandise et sortie, que me veut-elle... Ma décision est prise, nous sortirons après un pansage. Cela nous aidera à faire plus ample connaissance et ce moment nous rapprochera peut-être beaucoup, nous liant avec plus de force et d’amitié. Je posais négligemment ma boîte de pansage dans le coin du box, laissant la porte ouverte et attachant une corde de part et d’autre de l’entrée pour en fermer le passage. Un peu plus tôt, pendant nos premières minutes ensemble, j’avais remarqué la grande propreté du box, l’alezane excrétait dans le fond de son box et elle urinait certainement au même endroit, préférant un endroit sec pour dormir. Sa robe n’était pas sale mais la poussière y avait élu domicile, rendant le pansage plus vigoureux. Une brosse douce à la main, le bel américain s’approcha de la jument. Il lui présenta l’ustensile et commença le pansage en douceur, cherchant à voir ses réactions. Celle-ci n’émit aucune opposition au pansage, elle y prit même un certain plaisir qu’il ne chercha pas à dissimuler au cavalier, allongeant l’encolure quand le jeune homme lui grattouillait le dos ou le garrot. Thommas lui cura les sabots puis en frotta l’extérieur avec une brosse en paille de fer, nettoyant la surface de la corne. Il put ensuite graisser efficacement le sabot le faisant étinceler aux rayons du soleil. Un coup de chiffon élimina les dernières granules de poussières qui ornaient la robe de la belle alezane, faisant luire sa robe. Le jeune homme lui démêla les crins, fit des bouchons et tressa la queue, faisant ressortir de leur couple une élégance sans tâche. Dance était prête à sortir, harnachée d’un licol de cuir à large muserolle et d’une longe du même cuir marron moyen. Thompson était vêtu d’un polo ligné de bleu et de blanc et d’un jeans genre slim. Il chaussa ses boots marron moyen, du même cuir que le harnachement de Chance puis saisit la longe et la fixa au licol. Une série de pas les mena à l’extérieur, les dévoilant à la lumière du jour, éblouissant leurs yeux brillant d’une même lueur d’excitation. La jument ne chercha pas à prendre la main, elle suivit calmement, s’adaptant avec facilité au pas d’allure moyenne de l’américain. Ses lèvres étaient étirées en un sourire plein de charme, s’il y avait eut une fille sur son chemin, elle serait tombée à ses pieds comme une mouche. Il rit diaboliquement, arrachant un sursaut au docile cheval.

« Ohh doucement mon grand, ce n’est rien, excuse moi. Je suis assez maladroit, j’aurai du retenir ce petit excès de diabolisme. On y va maintenant ?

‘’ Un sursaut m’éloigne de cet homme qui émet un drôle de bruit, je n’ai pas peur mais j’ai été surpris. Assez vite il cesse ce son et je me rapproche de lui, marchant mon épaule à son niveau. Nos pas s’accordent, j’ai l’impression de ressentir ses émotions, là, je peux même deviner qu’il est béat devant la docilité avec laquelle je m’adapte à lui. Il goûte la vie à cent à l’heure, je fais pareil. Ce moment de promenade sera peut-être éphémère, peut-être pas. Tout ce que je sais c’est que c’est notre balade d’adaptation. ‘’

Les pierrailles du chemin roulent sous mes pas et sous les sabots de Dernière Chance, l’alezane savoure le moment et le jeune homme fait tout pour le faire durer, pour établir un contact fort et solide entre eux. Une légère brise parfumée de chèvrefeuille chatouillait l’odorat du couple cheval cavalier, arrachant un soupir de plaisir au jeune homme, détendant la jument. L’herbe ployait doucement sous ce petit vent et les feuilles des arbres émettaient ce bruissement si peu familier à Thommas, habitué aux bruits de la ville. Le cheval pointait les oreilles, se donnant une fière allure et le bel américain marchait d’un pas moyen, d’une allure aussi altière. Thompson atteint un carrefour, il choisit de prendre à droite et il fut agréablement surpris d’atterrir à l’entrée d’un pré clôturé de barrières d’un bois exotique. La porte pivota sous la main du beau brun, ouvrant ainsi le passage. Dernière Chance leva haut la tête et huma l’air, l’espace riche en verdure la tentait et quand Thommas l’eut lâchée, elle ne tarda pas à partir dans un galop joyeux jusqu’au centre du pré où poussaient trois grands arbres qui procuraient, en cas de grosses chaleurs, un coin d’ombre agréable aux chevaux. Le jeune homme vérifia l’abreuvoir, en tira quelques herbes puis referma la barrière, s’accoudant au bois de couleur foncée. Il ne faisait pas froid et il décida d’évaluer son cheval en l’observant au pré. Celui-ci était souple, musclé et montrait une réelle aisance dans les transitions. Cela faisait de lui un futur bon cheval de Dressage. Il ne devait pas mal se débrouiller en saut d’obstacle et ses allures étaient belles, sauf le trot qui laissait parfois à désirer.

‘’ Je me sens pousser des ailes, le sourire qu’à fait Thommas en arrivant à ce pré voulait tout dire et quand il m’a lâché, je n’ai guère hésité. Je me suis lancée dans un petit galop, lui laissant voir cette allure que je sais être belle. Mes muscles se compressaient et se relâchaient, cette éphémère parade fut suivie d’une goulée d’air frais, parfumé de diverses odeurs d’une senteur exquise. L’herbe me tenta vite et c’est avec fougue que j’en arrachais une touffe, la mâchant longuement, délivrant la saveur de ce met encore inhabituel à mon estomac. ‘’

Dernière Chance n’était pas habituée à manger de grandes doses d’herbe et c’est pour cela que sa sortie au pré ne dura qu’une demi-heure, réduisant ainsi les risques de diarrhées. Thommas s’habituait à côtoyer ce cheval plein de douceur. Aifha lui manquait mais il n’y avait aucun lien possible entre Madame des Arcanes et la pouliche joyeuse avec qui il avait perfectionné sa méthode d’éthologie, mise à part le sexe. Elle lui manquait pourtant... Thompson ouvrit la barrière sur laquelle il était avachi et alla chercher l’alezane qui broutait avec ardeur. Celle-ci se laissa facilement rattraper mais montra qu’elle aurait désiré rester plus longuement par des mouvements de tête assez vifs.

« Oh la ma grande. C’est assez pour aujourd’hui, sinon tu vas avoir des maux de ventre et des... diarrhées. Pas trop agréable tout ça, tu ne trouves pas ? Allais mon gros, on rentre. Demain, promis que tu auras encore une sortie pareille. On est d’accord ?

L’américain avança et la jument suivit, visiblement satisfaite de l’accord établit. Ils prirent un autre chemin pour rentrer, variant ainsi les plaisirs. Dance marchait d’un pas digne d’une grande champione, digne d’un cheval précieux et Thommas se sentit fier tout à coup, gonflant le torse. Thompson se familiarisait avec l’Académie, il tentait de retenir chaque sentier, chaque couloir, histoire de ne pas paraître idiot si on lui demandait tel ou tel chemin. Le retour fut aussi calme que l’allé, la brise emmenait à présent d’autres senteurs tout aussi délicieuses que les premières et les parterres de fleurs étaient diversifiés, fleuris de plusieurs couleurs harmonieusement accordées entre elles. Le jeune homme avait refermé le box et il le rouvrit pour rentrer Chance qui était encore toute frémissante de sa promenade, les sens en excitation. Le beau brun balaya l’entrée du box, ramenant les copeaux à l’intérieur puis fit son au revoir à Dernière Chance, s’éloignant à petits pas, un air triste au visage.

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