[libre]Une rencontre sur les chemins glacés...

Gab sortit de l’écurie. Il devait être dix heures du matin et Gym semblait dormir encore. Il tira légèrement sur les rênes pour que le cheval s’écarte pour lui permettre de fermer la porte. Le cheval souffla bruyamment et un nuage de vapeur se dégagea.
Eh oui, mon p’tit père, c’est la vie et les sorties ne s’arrête pas entre les fêtes !

Le canadien vérifia le sanglage et réajusta le tapis blanc et bleu convenablement. Un dernier regard aux nouvelles guêtres en cuir et il se mit en selle. Belle journée pour faire une petite ballade tranquille. Le sol gelé ne permettait pas d’allure mais ne glissait pas et un soleil timide apparaissait dans le ciel. Que demander de plus ? Il mit le hongre au pas d’une pression de talon et rênes longues, il se dirigea vers un petit chemin qu’il avait aperçu. Le sentier partait du bord de la carrière de dressage et s’éloignait vers le nord-est en sinuant entre les arbres. Gabriel posa une main sur l’encolure du bai qui secoua ses oreilles. Quelle drôle de manie quand même… Assis confortablement dans sa selle, il regardait d’un air songeur les alentours quand soudain, un lapin détala dans une prairie qu’ils longeaient. Le beau brun sourit et se rappela des longues promenades dans la neige du Vermont. Que de souvenirs… Heroes observait lui aussi le paysage, tendant l’oreille au moindre frémissement de vent dans les rares feuilles. Il tournait la tête de temps en temps, quand il pensait pouvoir tromper son cavalier et arracher une touffe d’herbe.
Perdu, Gymbo ! Pas pendant la ballade ! Après si tu es sage !

Le hongre souffla et le garçon se mit à rire, plus le temps passait et plus il avait l’impression que le bai comprenait tout. Il s’appuya sur ses étriers et ébouriffa le toupet de sa monture arrêtée. Gym tourna la tête, les oreilles pointées vers leurs arrières. Gab tendit lui aussi l’oreille et il entendit le pas énergique d’un autre cheval qui avait suivit le même chemin qu’eux. La silhouette bien reconnaissable d’un couple monture-cavalier se découpa dans les arbres
Salut !

Gab fut percuter de plein fouet par la réponse du beau brun.
"Salut beau gosse, on dégourdit les jambes à la bête ?"
Mouai, besoin de sortir, hein Gymbo?

Alors, c'était ça... Le sentiment étrange qui l'étreignait lorsque Dan posait les yeux sur lui. Une attirance physique? Wouaw... Jamais il n'aurait cru ça de lui-même... Mais c'était clair. Ces mots avaient remuer le canadien. Ses yeux noisettes irrésistibles plongèrent dans ceux de l'autre cavalier puis son regard descendit sur son corps, le transperçant. Le rouge lui monta au rouge, oui, c'était ça!
"Bonne soirée, hier ? Je ne t'ai pas encore vu au Boston River."
Hum... Oui, c'était bien. Si j'y était... Avec, Chloé...

Le jeune homme se sentait bête de bégayer ainsi. Il décida de se protéger.
J'ai eu le coup de foudre... Comme quoi, ça existe...

Un petit sourire forcée, les yeux qui glisse sur ses mains qui triturent les rênes, puis un soudain sursaut en lui. Si je ne laisse pas libre cour à ça, ça me pourrira la vie et j'aurais toujours l'air coincé devant lui. Il jeta, alors un regard appuyé à Daniel. Chargé de sous-entendus. Gym pendant ce temps, profitait de la semi-inconscience de son cavalier pour brouter quelques brins d'herbe gelés. Il serra les talons et mis son cheval en route au pas malgré les protestations du hongre.
Je propose un petit arrêt un peu plus loin... Histoire de discuter et...

Il s'arrêta dans sa phrase, regardant devant lui, le petit sentier qui s'élargissait un peu plus loin. Vive le botte à botte...

Le canadien se sentait coincé et en même temps, ses sens s'agitaient. Il voulait confirmer ses pensées, en être sûr. Qui n'a jamais douter de ses penchants? Arrivés dans une genre de petite clairière, Dan prit l'initiative de mettre pied à terre.
"Chloé, je ne l'ai pas encore rencontrée, mais il me semble qu'elle est professeur, c'est cela ?"
Oui...

Il eut un pincement au coeur. Sa Chloé... Il en était réellement amoureux. S'il se passait ce qu'il pensait qui allait se passer... Comment pourrait-il la regarder en face. Etait-ce pire que de la tromper avec une femme?
"Tu descends quand, aujourd'hui ou demain ?"

Gabriel lui lança un regard lourd de reproche. Déjà qu'il ébranlait ses certitudes... Il allait pas en plus le faire courir pour sauter dans le vide! Il mit pied à terre avec beaucoup de souplesse, contractant ses muscles lorsqu'il se retrouva à terre. Il sortit une corde de sa poche et l'attacha au licol qu'il avait laissé sous le bridon. Vieux trucs de randonneurs... Et attacha Gym à un arbre, muserolle détachée pour faciliter son empiffrement.

Il releva la tête et remarqua comme le brun était près de lui, proche. A peine un pas les séparait, il sentait l'odeur typiquement masculine de Dan. Gab remarquait que son corps entier tremblait. Excitation? Peur? Difficile de trancher... Et si c'était les deux. Il ferma les yeux et franchit le pas qui restait entre eux. Lorsqu'il les rouvrit, il plongea son beau regard dans les yeux du brun à peine plus grand que lui.
Et maintenant?

La panique, l'envie l'emplissaient, mais pas question de céder. A toi de faire le premier pas, Dan...

Gab tremblait à présent comme une feuille, il se mordillait les lèvres, comme à son habitude lorsque le stress l’étreignait.
"Une femme doit comprendre qu'un homme aie besoin d'autres sensations, de temps en temps. Aucun regret, aucun remords n'a de place entre deux hommes. Tu ne pourras plus reculer ensuite ; le désir est trop fort, fait ton choix."

Le canadien lança un regard perdu au beau brun. Il sentait le rythme de son cœur accélérer. Mon choix, mon choix… Facile à dire ! Il y avait la sublime Chloé… Son esprit ne cessait de lui dire qu’il aimait la jolie brune, mais son corps, lui, ignorait les ordres de son cerveau. D’abord, il avait joué avec la belle Alaïs. C’était amusant et tellement grisant de se sentir désiré à ce point par une femme. Et maintenant, il était dans les filets d’un homme et pourtant son être ne reculait pas. N’en avait-il pas envie ? Si bien sûr ! S’enfuir était la seule solution et cependant, ses pieds ne bougeaient pas d’un millimètre.
"Tu sais Gabriel, c'est à toi et à toi seul de prendre la décision. Cette étape à franchir est la tienne, je me connais, moi. Et tout en me connaissant, j'ai entière connaissance de ma bisexualité ; à toi de découvrir ou non la tienne."
Pourquoi, moi, Dan ? Pourquoi ai-je l’impression de te plaire ? Pourquoi veux-tu bouleverser mon monde ? Mais la seule question à laquelle je veux que tu répondes est la suivante. Pourquoi n’ai-je pas envie de dire non ? Pourquoi suis-je si tenté de te dire que toi aussi, tu me plais ? Alors que je ne t’aime pas. Ce fait est clair pour nous deux, je pense. Alors, pourquoi ne puis-je pas interdire à mon corps de faire ça ?

Il s’approcha encore, il ne restait plus que deux centimètres entre eux deux. Il posa une main sur l’épaule du jeune homme et, les yeux fermés, posa ses lèvres sur les siennes. Il releva la tête, et s’éloigna. Il s’approcha de Gym et glissa ses mains gelées sous le tapis de selle. Son esprit entier était fixé sur le garçon derrière lui et il se demandait, que va-t-il se passer ?

Gabriel, les doigts toujours au chaud sous le tapis commençait à sentir son cœur s’emballer. Un simple baisé et le petit était bouleversé^^ Mais ce n’était pas un simple baisé et il avait raison d’être dans tous ses états. Quelle idée d’aller embrasser un garçon ! Bon, là, il avait de la chance, il était tombé sur un bi. Et, en fait, la sexualité de Daniel était peut-être la raison pour laquelle, il lui faisait cet effet. Allez savoir… Toujours en attente d’une réponse, intérieurement, il souhaitait que le brun lui montre la voix. Que devait-il faire ? Presque sûr que le jeune homme allait faire un geste, presque anodin pour l’aider, le canadien eu le souffle coupé.

- Désolé ; je n'aurai pas du te laisser faire, tu as l'air déçu.

Dan s’était approché de sa jument Salammbô et s'était remit à cheval avant de lui lancer ces quelques paroles en lui caressant la joue. Gab frémit sous ce geste mais attrapa pourtant la main tendue et la maintint contre sa joue. Juste une minute de plus que ce que Daniel semblait vouloir. Il la lâcha ensuite et remonta en souplesse sur Gym. Une fois à cheval, il plongea ses yeux noisettes qui s’assombrissait d’une tendresse encore méconnue de lui-même.

- Crois-tu vraiment que je puisse être déçu par quelque chose de nouveau pour moi ? Ce que tu prend pour de la déception, c’est juste le sentiment de plénitude qu’on ressent quand on découvre quelque chose qui nous transforme… Et aussi ma peur, mais la peur n'a rien de néfaste, elle nous pousse à aller plus loin et à trouver notre route...

Ses mots doux glissèrent dans l’air frais en même temps qu’il se rapprochait à nouveau du brun. Leurs deux jambes d’effleuraient, penché sur le côté, Gab s’appuyait légèrement sur la cuisse de Dan et après une pause, réduit encore l’écart qui séparait leurs lèvres.

Mais peut-être est-ce toi qui regrette…, murmura-t-il.

Il l’embrassa à nouveau, lorsqu’il se remit d’aplomb sur sa selle, il remarqua que les deux chevaux se touchaient du bout des naseaux, sans aucune nervosité. Parfait, ils s’entendent… Le canadien serra les mollets et Gym se mit au pas.

- Je n'ai jamais regretté qu'une chose dans ma vie Gabriel et ce n'est pas ce baiser ni même cette attirance qui nous rapproche et nous sépare à la fois. Tu le sais.

Oui, peut-être le savait-il, mais ça lui faisait du bien de l’entendre. De savoir que dans ce jeu, il n’était pas seul. Ils étaient à présent au botte à botte, si proche l’un de l’autre, que le canadien croyait qu’il était impossible d’être plus rapprocher. Oui, la peur l’étreignait à nouveau. La suite était si obscure, cachée, impossible de la deviner ou même de l’entre apercevoir. Il soupira et se concentra sur le pas rapide de Gym qui une oreille en avant et l’autre tournée vers Salammbö semblait plus motivé que plus tôt. Un simple bruissement de feuille et il se raidit entre ses jambes descendues sur les flancs du hongre.

– Quelle est la réaction des gens ? Je veux dire, es-tu considéré comme un pestiféré quand tu leur annonce ?

Le mot avait encore du mal à sortir. Il se sentait un peu mal à l’aise de parler de cette chose, de lui donner un nom. Le jour où il dirait : Je suis bi, n’était pas encore arrivé. D’ailleurs peut-être ne l’était-il pas. Jamais, il n’avait ressentit la moindre attirance pour un autre garçon sauf pour le brun qui marchait à ses côtés à cet instant. Peut-être était-il attiré par Dan, son assurance, sa façon d’être. Pour la première fois, il le détailla réellement et s’arrêta sur ses lèvres. Il les avait déjà embrassées deux fois et pourtant son désir de recommencé n’était pas éteint. Seulement, il voulait que ce soit le beau brun qui fasse le premier geste cette fois. Leur deux baisés étaient de lui, il avait embrassé Daniel. Jamais ce dernier n’avait embrassé Gabriel… Il plongea ses yeux noisettes dans le regard profond du jeune homme et lui demanda silencieusement. Bien sûr, il n’avait aucune illusion, un simple regard ne peut parler aussi bien que la voix. A moins que…

Le jeune homme sentit que sa question perturbait légèrement le beau brun qui chevauchait à ses cotés. Après un court silence, il finit par lui répondre.

- je n'ai pas eu à l'annoncer nombre de fois, une ou deux au maximum ; Isie ne le sait pas encore. Gabriel, est-ce que je peux te demander de garder ce moment.. secret ?

Gab fut surpris. Peut-être que Dan n’assumait pas tant que ça sa bisexualité, allez savoir… Quant à lui, le canadien commençait à se persuader lui-même que seul le garçon qui l’accompagnait lui plaisait. Jamais il n’avait vu un autre garçon comme il voyait Daniel aujourd’hui… Etrangement, il lui semblait que ce petit écart faisait déjà partie de sa vie. Oui, un jour, il avait aimé un homme ou du moins été attiré par un homme, et alors ? Il était sûr qu’un jour, il aurait une femme et des enfants. Sa jeunesse ne regarderait que lui et il repenserait en souriant aux lèvres masculines posées sur les siennes.

- pourquoi me poses tu cette question ? à qui vas-tu l'annoncer ?
- Oh, à personne, je voulais juste savoir la réaction des gens quand ils l’apprennent…
Et tu peux être sûr que personne ne l’apprendra de ma bouche…

Gabriel avait répondu d’un ton posé, calme, sûr de lui. Mais la réponse que son subconscient lui avait crié à la première seconde s’était : « Non, mais t’es malade de vouloir le dire à qui que ce soit ! Et Chloé ? Elle en pensera quoi ? T’es fou ou quoi ? » Respirant un grand coup d’air gelé, il se plongea dans ses pensées. Que penserait-elle ? Sans doute que c’était un salaud, et alors ? Il aimait la demoiselle, mais si un jour elle devait elle aussi l’aimer, il voulait que ce soit pour lui, pour celui qu’il était. Bien sûr, il ne dirait rien, mais il voulait croire que s’il était amené à en parler, le regard de la jeune fille ne changerait pas. La brunette était bien trop chère à son cœur pour la faire souffrir.

Le regard de Dan, long, lourd de signification lui fit comprendre qu’il ne pouvait pas à cet instant précis lui rendre son baisé. Malgré son regard langoureux, il savait les pensées du jeune homme occupées par une autre, comme les siennes l’avait été une minute plus tôt. Il se sentit comme trahi, un instant. Puis, il vit passer dans ses yeux que si Daniel avait peur, doutait, s’était seulement parce qu’il éprouvait quelque chose pour lui… Sinon, il serait certainement en compagnie de celle à laquelle il pensait et il ne se poserait même pas la question de savoir si le canadien en valait la peine…

Les rayons du soleil filtraient à travers la voute de branches et le paysage qui les entourait était sublime… Mais, il semblait qu’aucun des deux jeunes hommes ne le voyaient, ensevelit sous leurs pensées trop lourdes. Cette idée écœurait Gab, il avait regretté assez de chose dans sa courte vie. Il se tourna vers le cavalier qui l’accompagnait et lui dit simplement.

- Tu n’es pas différent de moi… Mais je pense que la vie est trop courte pour avoir des regrets. Quoi qu’il se passe ou ne se passe pas entre nous aujourd’hui, il n’y aucune raison pour que cet instant ne nous appartienne pas, à nous et à nous seul…

Des risques, Daniel courrait des risques énormes en tant que bisexuel : si Isie venait à l'apprendre tout serait fichu. Mais le jeune homme avait pris la décision qu'il ne chercherait pas à mentir à la belle germanophone si elle lui posait des questions. Il ne lui mentirait pas, il serait tout simplement discret, en ce sens Gabriel le comprenait et l'approuvait. Ils chevauchaient côte à côte dans un trot à présent actif, les chevaux ne cherchaient pas à s'éloigner l'un de l'autre, ils restaient cependant à une distance respectable : aucune attirance ne rassemblait les deux bêtes. Les yeux bleus sans cesse rivés sur son coéquipier, Daniel savourait à plein coeur ce moment de violente-douceur. Sa gorge lui serrait, les mots restaient bloqués à l'intérieur, ses lèvres constituaient un obstacle infranchissable. En tendant la main il n'aurait pu toucher Gabriel car le trot les séparait, contant obstacle entre leur deux corps qui ne demandaient qu'un de ces corps à corps. Daniel se retint, il était droit en selle mais ses idées penchaient vers la droite, vers ce jeune homme qu'il connaissat à peine, cet homme avec qui il n'avait rien d'autre avoir que ce moment de relachement.

< c'était.. un moment de relachement, rien d'autre Gabriel.

Tout était chamboulé dans sa tête mais il avait d'un coup rebattit les murs de sa conscience. Il n'avait rien à faire sur ces chemins de promenade, sa présence ici n'était justifiée que par l'excuse d'une sortie avec Salammbô. Mais les yeux de celle ci semblaient refléter le moment qu'ils venaient de passer, ce moment d'égarrement comme Daniel l'appelait désormais. Dans un sens il se rassurait en disant cela mais après un moment de douce violence, il se disait chaque fois qu'il n'avait plus besoin d'un homme, jusqu'à la prochaine fois bien sur.. car à chacune de ses relations il y avait eu un lendemain, plus ou moins lointain. Parce que Daniel était un homme patient, le désir d'un homme ne revenait que bien longtemps après, il tenait en général une à deux semaines parfois plus. Alors que le désir féminin se faisait ressentir beaucoup plus fréquemment. Il était.. spécial mais c'était ainsi. Et pour mettre les choses au clair, il insista. Il ne voulait plus rien savoir de ce moment, rien entendre, rien voir même pas un coup d'oeil cajoleur, il n'avait pas besoin de calins inter relation ! Mais la clarté fut sa première pensée et daniel voulut tout de suite remettre le schoses aux points.

< ne me demande pas pourquoi, ne me fais pas de signe, ne me parle plus de ce moment.

Tarek serait parti en balade seul et serait revenu seul : nulle question n'était à poser, nulle jalousie à ressentir, Daniel était seul. Il était clair et ferme: le professeur reprenait le dessus sur l'homme. Ses mollets serrés contre les flancs de Salammbô commandèrent un trot plus actif et en quelques foulées il dépassa le grand Gym et son cavalier. Son désir immédiat était de quitter ces chemins de balade, de quitter ce paysage pour le moins compromettant. La jument baie allongea régulièrement l'allure jusqu'à être hors de vue du couple, sans un regard en arrière, sans un hennissement.. sans un mot de plus. La prochaine rencontre serait décidée par le professeur-même mais entre temps, le néant ! Le garçon savait que Gabriel obéirait à sa demande ou du moins, il le croyait...

Validé by Ixia

Malgré que le canadien aie été sincère, il ressentit soudain que le comportement du beau brun changeait, il venait de se refermer comme une huitre. L’idée saugrenue qu’il lui ait demandé de ne rien dire uniquement pour l’entendre répondre qu’il ne garderait pas le secret lui traversa l’esprit. Peut-être que le jeune homme était mais détaché qu’il ne le disait, il lui avait rendu son baisé, après tout. Puis une nouvelle fois, le fait qu’il ne l’ait pas embrassé lui aussi, en réponse le perturba. Daniel Dohersten, joues-tu avec moi ? Joues-tu avec mes désirs ou serait-ce avec les tiens ? Gabriel était un peu perdu, il concentra ses pensées sur le trot énergique qu’il venait de demander à leurs montures. Gym balançait l’encolure, mâchonnant son mors, descendant son nez, offrant sa bouche aux doigts mobiles du garçon perdu dans son propre esprit. La mise en main était inconsciente, comme si cette seule action pouvait lui permettre d’y voir plus clair. Peut-être… En tout cas, ça ne plaisait pas énormément au bai qui commençait à rechigner, ce qui réveilla son cavalier qui laissa filer un peu les rênes.

- C'était… Un moment de relâchement, rien d'autre Gabriel.

Gab ne compris pas tout de suite les mots du beau brun qui avançait à ses côtés, trop fixé sur le hongre qui se sentait poussé des ailes dans l’air frais. Lorsqu’ils firent leur chemin jusqu’à son cerveau, l’impact fut rude. Il l’abandonnait, celui même pour qui il avait remit en question bien des choses, celui qui lui faisait la morale. Le regard noisette vira au brun chocolat, une sourde colère montait en lui, il tentait de la maitriser, ses pensées tournaient en boucle dans son esprit torturé par ces quelques paroles. Il pouvait appeler ça comme il voulait, Gabriel savait que cet instant représentait quelque chose pour Dan. Ne serait-ce que le jour maudit où il avait à nouveau eu envie de s’abandonner dans les bras d’un homme. Rien que ça… Le canadien inspira un coup, profondément et toussa, les poumons agressé par la glace qui coula en eux.

- Si ce n’est que ça, alors soit rassuré. Ca ne représente rien pour moi non plus !

Sa voix étranglée par une colère aussi inutile qu’injustifiée, dérailla. Il n’accordait aucune importance à cette relation, il haïssait d’être dans le rôle du rejeté, trop de souvenir était attaché à une telle défaite. Danneel, elle lui avait dit presque les mêmes mots avant de l’abandonner avec dans le regard une compassion qui était encore bien plus douloureuse.

- Ne me demande pas pourquoi, ne me fais pas de signe, ne me parle plus de ce moment.

Aucune objection, Monsieur James ? Non, aucune. A quoi, cela servirait-il ? Juste à le perturber encore plus, seulement à mettre en colère une personne qu’il estimait. Non, il ne lui ferait pas signe, il était bien trop orgueilleux pour ça, mais une petite voix lui disait que Daniel ne résisterait pas longtemps. Il avait sentit en lui ce désir, muselé depuis trop longtemps, resurgir. Gab s’assit dans sa selle, descendant les jambes et ralentissant le bai, alors que Dan filait au loin avec sa belle jument. Avant de le voir disparaitre, le canadien lui cria quelques mots, lourds mais honnêtes comme toujours. Il fut certain que le beau brun avait pu clairement entendre ses mots.

- Je ferais comme tu veux… Mais je ne disparais pas ! Je suis là ! Et je serais toujours là, Dan !

Promesse ? Menace ? Simple réalité jetée au vent ? Qui peut savoir ce que l’avenir réserve ?