Cet après-midi là, un rendez-vous urgent... }R'

Quand ils se retrouvent après une soirée magique...
Kate M. Rosman & Gabriel James

Ils s’étaient donné rendez-vous comme prévu dans un de ces petits cafés de San Francisco, mais Kate avait voulu s’y rendre un peu plus tôt. Arpentant les rues de la ville, elle fouilla dans son sac et en sortit son paquet de cigarettes. Elle en coinça une entre ses lèvres, prit son briquet et fit jaillir la flamme pour griller le bout de sa clope. Les deux-trois premiers coups qu’elle tira furent un véritable bonheur, depuis quand n’avait-elle plus fumé ? Elle ne pouvait le dire, longtemps sans aucuns doutes. Non, elle n’était pas du genre accros, fumer lui procurait juste un état de bien-être, c’était comme quand elle embrassait un garçon, en moins bien, il fallait le dire, et plus nocif pour la santé, mais on peut le faire plus souvent ! Il avait beau faire froid, elle n’en tremblait pas pour autant. Elle flemmardait dans les rues, seule, et profitait de cet instant en tête à tête avec elle-même, ce qu’elle n’avait plus eu l’occasion de faire depuis longtemps.
Avant de se rendre en ville, Kate avait fait le grand ménage dans leur chambre. Avec ces problèmes d’eau, elle s’était retrouvée dans un chambre de quatre avec Clara sa colloc’ de départ, une certaine Isie avec qui elle n’avait pas encore eu l’occasion de parler et… Gabriel. Comment avait-il réagit quand il avait appris qu’il serait le seul garçon dans la chambre, c’était une bonne question. Ce qu’elle savait, c’était que si elle avait été dans le même cas, elle aurait été heureuse ! Alors qu’elle jetait sa cigarette dans l’une des poubelles en acier, elle regarda dans son sac et en sortir le nouveau numéro du « ONE JUMP MAGAZINE ». Elle lu le programme et retourna à la page à laquelle elle était arrivée, les résultats du parcours précédent de cross. Les prix étaient vraiment pas mal, il fallait qu’elle fasse elle aussi des concours… Elle alla à la page qu’elle avait marqué, où elle avait cru lire de loin le nom de Maxime Anderson et voulait savoir de quoi il s’agissait.
En effet, grande fan de ce jeune homme, Kate avait toujours suivit les concours de dressage auxquels il participait. Quand elle lu que ce cavalier haut classé faisait son apparition à l’académie, imaginez sa réaction… Elle avait tellement apprécié son travail, scruté tout ses faits et gestes, dégusté ses reprises lorsqu’il était en parfaite harmonie avec son cheval. Un pro, un deuxième pro… Et Daniel qui avait droit aux petits soins de la grande Sandra, aurait-elle une chance, elle, simple élève sans importances, de profiter des bons conseils du beau blond ? Elle se souvenait de la fois où elle avait pu voir son parcours et où elle avait eu l’occasion de lui « parler » au passage… Le petit clin d’œil, mais combien d’autres filles y avait-il ? Elle avait un énorme respect face à son travail et maintenant qu’elle le savait dans l’enceinte de cette école, elle avait peur sur le simple fait de le croiser dans les couloirs.
Une bouffée de chaleur vint alors surprendre la jeune demoiselle, ses jambes se mirent à trembler comme des feuilles, elle sentait ses mains se glacer et comme si deux murs venaient écraser sa tête. Elle tenta de rejoindre le mur pour s’appuyer dessus et se rattraper mais elle n’avançait plus, elle reculait, elle tombait… Mais toucha pas le sol, une paire de bras musclés qu’elle reconnaissait l’avait une fois encore empêché de baisser de niveau.

[582 mots]

Gabriel James… Ombre pâle dansant dans une lueur irréelle… Son cœur battait, ses yeux désespérément fermés lui montraient des images qu’il voulait oublier… Ses cheveux châtains ébouriffés étaient trempés de sueur… Les bords de la route défilaient de chaque côté de lui, les flocons de neiges serrés valsaient devant les phares… Soudain, un horrible craquement, la voiture qui quitte la terre ferme, dévale le bas-côté et s’arrête retournée au milieu du champ. Un goût âpre inonde sa bouche et une sirène éclate dans son esprit, une voix l’interpelle et c’est le noir, le vide total, l’abysse…

Le canadien ouvrit les yeux, sa poitrine se soulevait à un rythme inquiétant, son torse était brillant de transpiration, son regard montrait une détresse absolue… Après un instant, il se ressaisi et regarda son réveil… 4 heures. Il s’était levé à l’aube, après seulement une heure de réel assoupissent, pour sortir Gym et était venu se recouché vers midi avec un horrible mal de crâne. Malheureusement, le sommeil qu’il espérait réparateur avait fait plus de mal que de bien… En plus de recevoir des coups de haches sur la tête, une nausée épouvantable lui étreignait à présent les côtes. Lorsqu’il se leva, un vertige lui fit perdre l’équilibre et il lui fallut quelques minutes pour rejoindre la salle de bain d’un pas traînant.

Devant l’évier, le jeune homme laissa couler l’eau glacée sur sa nuque et ferma les yeux. Mauvaise idée, les images du cauchemar refirent surface et son repas aussi. Il serra les poings et se retint d’en envoyer un dans le mur. Depuis combien de temps n’avait-il plus fait ce rêve horrible ? Au moins un an… Il croyait cette époque derrière lui, il avait tort… Il tenta de chasser le souvenir de ses pensées et se glissa sous la douche. Il ressortit une dizaine de minute plus tard une serviette autour des hanches, l’esprit envahi de tous ces moments qu’il aurait préféré oublier. Il jeta un regard au miroir qui lui renvoya son visage marqué de gros cernes violacés. Eux aussi, il les avait oubliés, en même temps que ses bouteilles et la drogue.

Le beau brun abattu retourna dans sa chambre et s’habilla, jeans bleus foncés, t-shirt noir et pull à capuche de la même couleur qui portait l’inscription : Can I be more happy ? Il se marmonna à lui-même.

- Ouai, déjà rien que vu ta tronche, ça se remarque…

Il fouilla dans son sac de sport et en sortit un paire de lunette de soleil qu’il mit, masquant les marques sous ses yeux ternes. Le jeune homme prit son portable, ses clés et son portefeuille, direction San Francisco… Le trajet en bus à regarder le ciel dégagé de tout nuage, le laissa à ses pensées, mauvaise idée… Son air renfermé et sombre découragea plusieurs jolies demoiselles de venir s’assoir à ses côtés pour tester leurs techniques de drague.

Descendu à l’arrêt du centre ville, il vérifia sur son portable l’adresse du bar ou Kate l’attendait. Oui, il est peut-être temps de parler de la raison de cette petite escapade alors que tout le monde serait resté sous la couette. Notre canadien avait un rendez-vous… Pas un rencard, non, juste une rencontre avec une jeune femme qui voulait un ami… Il le serrait… Mais, vraiment, ce jour-ci était plutôt mal choisi pour lui demander d’être une épaule pour pleurer. Il soupira et s’apprêtait à entrer dans le café plutôt classe où ils devaient se retrouver lorsqu’il la vit. Toujours aussi belle, toujours aussi attirante, pourtant, quelque chose le retenait… Il remarqua que, soudainement, elle vacillait sur ses jambes et ne put s’empêcher d’être encore une fois présent, évitant de justesse au postérieur de la demoiselle de faire une rencontre non voulue avec le sol.

- J’ai une impression de déjà vu…

Sa voix enrayée le surprit, mais pas autant que sa froideur. Il tenta un sourire crispé et lui prit la main pour l’emmener à l’intérieur. Il s’assit à une table et l’attira à ses côtés sur la banquette de cuir rouge. De nombreux regards envieux se posèrent sur la jeune femme. Il lança un regard irrité aux voyeurs, vérifia que la belle brune avait repris ses esprit et déposa un baisé sur ses lèvres.

- Salut… Tu voulais me parler ?

Une fois de plus, il détesta son ton un peu cassant, mais sa nuit avait été si mauvaise qu’il se pardonna lui-même, il rajusta ses lunettes convenablement, tentant de masquer les séquelles de son sommeil mouvementé, bien qu’il savait qu’elle remarquerait le changement dans son comportement et que viendrait inexorablement les questions…

[766 mots VALIDE par Maya]

Ca ne lui arrivait pas souvent de faire des malaises, elle en faisait dans des moments de déprime, des passages dans le vide où elle était simplement préoccupée par une chose quelconque, en l’occurrence, l’arrivée de son idole, qu’elle avait déjà eu l’occasion de rencontrer mais qu’elle avait quitté dans un excès d’euphorie, avait déclenché en elle une certaine peur en ce qui concernait sa situation. Elle avait alors sentit ses jambes s’alourdir, ses pensées divaguer et un trou noir l’avait entrainée droit dans les bras du jeune homme à qui elle avait donné rendez-vous… Du moins, c’est ce qu’elle croyait, non pas que ce n’était pas Gabriel physiquement, mais plutôt mentalement. Elle avait beau ne pas être totalement dans son assiette, elle devinait qu’il n’était pas bien non plus et il suffit qu’il ouvre la bouche pour que ses soupçons se confirment.

-J’ai une impression de déjà vu…

Elle fut assez surprise du ton qu’il avait adopté pour lui dire ceci, il ne semblait pas vraiment enchanté par ce rendez-vous, mais après tout, elle lui avait laissé le choix de venir ou pas. Elle ferma les yeux quelques secondes, tentant de reprendre ses esprits alors que grand brun imitait une grimace qui devait être un sourire… Mais il faisait plus peur qu’autre chose ! Elle se sentit tirée vers l’intérieur d’un café dont la chaleur fut agréable et étouffante à la fois pour la jeune fille, elle sentit ses fesses toucher une banquette de cuire et ouvrit les yeux malgré ses paupières lourdes. A peine eut-elle le temps de voir le beau gosse en face d’elle menacer du regard quelques autres garçons qu’elle sentit que ses lèvres entrèrent en contact avec les siennes.

-Salut… Tu voulais me parler ?

Au départ oui, Kate avait eut envie de parler à Gabriel, mais malgré le baiser, il recommença à l’agresser dans sa façon de parler ce qui ne lui donnait pas du tout envie de dire un mot. Mais la jeune fille s’attendrit assez rapidement, il ne devait pas non plus être bien, avant qu’il n’ajuste ses lunettes, elle avait remarqué ses yeux lourds. Tout de suite, elle oublia que ses intentions étaient de lui parler un peu et voulu plutôt voir ce que lui avait, mais elle se doutait qu’il n’apprécierait peut-être pas les questions, ou du moins, pas tout de suite. Elle lui lança un regard des plus rassurants qu’elle pouvait lui faire alors que ses paupières commençaient seulement à s’alléger un peu depuis le « presque malaise ». Elle détourna ensuite le regard pour interpeller le serveur.

-Deux cafés noirs s’il vous plaît…

Elle regarda à nouveau Gabriel assis à ses cotés et tenta de sourire.

-On en a tout les deux besoin je crois.

La sensation qu’elle avait dans les jambes était vraiment désagréable, comme si elles tremblaient, si elle tentait de se mettre debout, il n’y avait aucuns doutes qu’elle s’écroulerait. Le silence régnait entre nos deux jeunes, elle attendait les cafés avant d’entamer quoi que ce soit, en attendant, elle se demandait pourquoi ce baiser volé. Pas aussi agréable que les autres, il fallait le dire, Gabriel avait usé d’une force assez étonnante en compressant ses lèvres contre celles de la jeune fille, ce qui n’avait pas été très doux…

[545 mots VALIDE]

Le contact des lèvres de la jeune fille ne lui firent pas l’effet qu’il aurait voulut, qu’il souhaitait… En fait, il avait besoin du plaisir intense de ce soir-là, sur ce balcon, loin de tout, loin de tous. Il voulait que, encore une fois, le corps de la brunette contre le sien apaise son cœur lourd… Mais, au contraire, le baisé qu’il avait, littéralement, planté sur sa bouche si douce, le mettait au trente-sixième dessous… Il regardait intensément la belle demoiselle à travers ses lunettes noires, essayant de savoir pourquoi elle l’avait fait venir, pourquoi elle avait eu ce malaise… Une idée folle lui traversa l’esprit, il la rejeta vivement. Ils avaient pris leurs précautions… Il n’y avait aucune raison qu’elle soit enceinte… Si ? Pas la peine de chercher, cette petite panique traversa ses pensées et s’évada aussitôt, l’abandonnant aux douloureux souvenirs de cette nuit passée dans les bras d’un Morphée de mauvais poil…

Assis, à quelques millimètres d’une jeune femme qui lui avait fait perdre la tête, il se sentait entrainé vers l’intérieur de lui-même incapable de lui parler, de faire un geste amical. Il voulut s’excuser à l’instant même où elle apostrophait un serveur souriant.

- Deux cafés noirs s’il vous plaît…, demanda-t-elle en lui jetant un sourire crispé. On en a tout les deux besoin je crois
- Heummm, Plutôt quelque chose de fort pour moi… Une vodka pure s’il vous plait…

Un cri retentit dans sa tête qui pulsait au rythme de la musique sourde que diffusait un vieux jukebox dans un coin de la pièce. Qu’était-il en train de faire ? Rien… Laisser tomber… Se laisser aller… Choisir d’oublier, plutôt que de se battre… Il n’en pouvait plus… Ce cauchemar était le déclenchement d’une série d’erreurs… Comme à chaque fois… Il soupira et jeta un regard vers Kate, qu’elle ne vit bien sûr pas, caché derrière son masque de ‘’je vais bien, tout va bien’’. Le silence pesant entre eux le mettait mal à l’aise, il n’y en avait jamais eu cette fameuse nuit, leur corps occupaient tout l’espace… Mais aujourd’hui, le destin avait choisi de les rendre étrangers.

- Qu’est-ce que tu as ? Tu voulais me voir, je suis là…

Le canadien fut soulagé de sentir sa voix douce revenir, ces paroles prononcées avec cette habituelle tendresse. Alors il suffisait de ça ? Commander un verre et le monde se remettait à tourner ? C’était si simple… Pourquoi avait-il cessé de le faire ? L’alcool ne l’avait pas détruit, juste rendu imperméable à la souffrance. C’était ce qu’il voulait, s’isoler de la douleur… Il ne voulait plus la rencontrer, il voulait vivre et arrêter le massacre. En y repensant, la période la plus heureuse de sa vie avait été son adolescence. Bon d’accord, il ne se souvenait quasi de rien, état comateux oblige, mais il se rappelait parfaitement ne plus avoir souffert. Puis son grand père l’avait arraché au seul monde qui lui faisait du bien, l’espace d’un instant, son poing se serra de rage contre le vieillard à qui il devait tout. Une image s’imposa… Sasha… Le soir de leur rencontre, il avait bu, et il était toujours en vie, preuve qu’il était loin de la rechute… L’idée que justement, ce troisième verre commandé dans ce café, était la flèche vers le bas de la falaise ne lui effleura même pas l’esprit, à cet instant, il n’était convaincu que d’une chose : J’ai été HEUREUX.

Cette fois, le sourire de Gab fut éblouissant, d’un geste sensuel, il retira ses lunettes et les posa sur la table. Son cœur trembla lorsque le serveur déposa les verres à leurs côtés. Il détourna les yeux et les plongea dans le regard de la brunette, toujours silencieuse.

- Je pense que mon bonjour était un peu… brutal…

Il passa un bras autour de sa taille, l’attirant à lui, et déposa un baisé sur les lèvres de l’anglaise. Pour lui, il était presque mieux que tous ceux de leur soirée commune, car il était encore plus libre. Plus de peur de replonger, juste la certitude que c’était la seule chose à faire et d’un mouvement sec, il vida le liquide transparent dans sa bouche, se laissant bruler la gorge.

[703 mots VALIDE]

-Deux cafés noirs s’il vous plaît… On en a besoin tout les deux je crois.

Elle ne pouvait voir la réaction du jeune homme derrière ses lunettes, mais elle resta sceptique lorsque celui-ci commanda une vodka pure à la place. Le visage du beau brun s’était alors figé, sans doute plongé dans un quelconque souvenir du passé et Kate ne voulait pas le déranger en profitant elle aussi pour se plonger dans ses pensées. Regardant au dehors, alors qu’un voile gris et lourd venait couper la lumière du jour, elle tentait de reprendre ses esprits, de refaire le point sur sa situation qui avait été quelque peu chamboulée par la simple arrivée de Maxime Anderson. Non pas qu’elle avait eu des rapports avec ce dernier, mais juste que la seule image du jeune homme dans son esprit amenait en elle des questions sur ce qu’elle voulait, ce qu’elle était. Cette sensation de liberté se trouvait bizarrement perdue en sa présence autant physique que psychologique, elle se sentait étouffée par le beau blond, ce souvenir légèrement humiliant à ses yeux l’empêchait de respirer, ses muscles s’asphyxiaient et elle se sentait tomber, exactement ce qu’il s’était passé un peu plus tôt. Il ne s’agissait pourtant que d’un souvenir…

-Qu’est-ce que tu as ? Tu voulais me voir, je suis là…

La tête appuyée sur sa main, Kate se trouva vers Gabriel, il avait cette fois-ci adopté un ton plus doux, savoureux… Il donnait vraiment l’impression de se vouloir protecteur envers la jeune fille mais celle-ci savait qu’il était assez préoccupé pour se soucier réellement d’elle, elle avait effectivement voulu le voir mais celui à qui elle s’attendait était absent. Malgré ce petit sourire qui se formait enfin sur son visage, ce n’était pas le beau Gabriel de l’autre soir. Elle voulait savoir pourquoi mais ne voulait pas l’ennuyer avec ses questions. Elle le fixait sans prononcer un mot, ne pouvant pas vraiment voir sa réaction, que se soit l’étincelle de ses yeux noisette ou le noir de ses pupilles. Elle rêvait de lui arracher ces lunettes de mouche posée sur son nez alors qu’on était toujours en plein hivers, pour comprendre ne fut-ce qu’une petite partie en plus de ce qui se passait en ce moment.
Elle le contemplait, voyant les traits de son visage devenir de moins en moins dur, comme-ci sa crispation avait disparu. En seulement quelques secondes, il était passé de la colère à la neutralité au « presque bonheur » ou du moins au bien-être naturel, enfin, c’est ce qu’elle pensait. Était-ce vraiment bon signe ? Que s’était-il passé pour que tous ses tourments s’envolent de si tôt et aussi facilement ? Passé d’états aussi différents en si peu de temps était généralement signe d’un malaise intérieur, que se soit déprime ou autre… Très méfiante, malgré ce geste assuré du beau gosse à ces cotés retirant ses lunettes, Kate s’apprêtait à toutes les réactions possible, que se soit le fou-rire sans raisons, ou l’écroulement total.
Le serveur vint alors déposer la tasse de café et le verre de vodka sur la table et la brunette crut, quelques millièmes de secondes, voir la main du jeune homme trembler. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils, et si son problème venait de là… Mais elle eut à peine le temps de mettre ses idées en place que celui-ci se tourna à nouveau vers elle.

-Je pense que mon bonjour était un peu… brutal…

Il l’avait alors attrapée par la taille pour l’embrasser à nouveau. Certes il y avait du progrès en comparant au premier, mais elle n’était toujours pas convaincue, ses baisers étaient moins doux que l’autre soir, sur le balcon. Comme si il ne contrôlait plus sa force. La jeune fille opposa d’ailleurs une petite résistance mais rien n’y fit, il la serrait tellement fort qu’elle ne pu se libérer de son étreinte que quand il décida d’aller voir son autre amour : l’alcool ! Elle vit le liquide transparent couler rapidement jusque dans la gorge du beau brun. Il avait reposé le verre sur la table et elle le regardait toujours, elle ne savait plus trop quoi penser, elle était déçue. Mais où était le Gabriel du balcon, le garçon doux et sensible, pas celui qui ne se rendait pas compte de ses excès de violence affective, celui qui l’avait prise délicatement dans ses bras sans aucuns risques de la briser comme une allumette…
Elle prit la tasse de café dans ses deux mains mais ne la bu pas, regardant juste son reflet dans le liquide brun foncé. Le silence se réinstalla entre les deux jeunes, silence désagréable pour elle, elle voulait le briser mais rien ne sortait de sa bouche, elle ne savait pas quoi dire sans qu’il ne remarque qu’elle se méfiait quelque peu de lui. Elle leva néanmoins la tête et le fixa, elle ne voyait pas son visage, juste quelques parcelles comme une barde naissante, des cernes violacées énormes et des yeux lourd, mais un sourire. Elle dirigea son regard le long de son bras et vit sa main sur la table, près du verre qu’il venait de vider et remonta aussitôt au niveau de se yeux où quelques veines rouges apparaissaient.

-Qui es-tu ?

Elle avait murmuré ces mots, espérant qu’il ne les entendrait pas, mais il se trouvait seulement à quelques centimètres d’elle, espoir perdu…

[894 mots VALIDE]

Alors que l’essence enivrante de l’alcool gagnait doucement son esprit meurtri, le jeune homme réalisait doucement son erreur. Comme quoi, il suffit d’en commettre une pour se rendre compte qu’elle s’est dressée sur notre chemin. Peut-être qu’on apprend en faisant des erreurs, mais celle-ci, Gabriel ne l’avait que trop faite. Le liquide brûlant ne coulait pas dans sa gorge pour la première fois et pour une raison aussi commune. Ce qui relie tous les grands alcooliques, n’est-ce pas simplement la peur, l’envie de fuir, le salut dans l’oubli ? Le canadien le croyait, il en était convaincu. Oui, cette sensation de soulagement qui se répand doucement dans son corps, hydromel du réconfort, lui avait toujours apaisé l’esprit. Pourtant, il avait bien arrêté pour une raison… Mais laquelle, les pensées brumeuses du jeune homme le laissaient perdu entre la carcasse de voiture et le départ de Danneel. Trop de souffrance, il en avait assez ! Pourquoi, alors qu’un semblant de bonheur coulait sur sa vie, le sort s’acharnait-il, lui envoyant des cauchemars oubliés et des démons abandonnés sur le bord du chemin ? Ce verre, en face de lui, montrait à quel point il était faible, à quel point sa vie n’avait aucun sens, à quel point il ne méritait la confiance de personne, surtout pas la sienne. Non, il ne pouvait avoir confiance en lui-même, en ses réactions, en ses sentiments… Il était fatigué de se battre contre lui-même, de se débattre dans les toiles qu’il tissait de lui-même devant un avenir souriant. Oui, il se détestait, il n’avait aucune estime de lui-même… La preuve, à cet instant même, il se cherchait des causes de se plaindre, de pouvoir dire, je suis un crétin et c’est tout. Pourtant, on fond de ce regard noisette inondé d’une tristesse aux frontières sans fin, se trouvait le bout du tunnel, le garçon qu’il pouvait être, celui qu’aimaient les filles, celui qu’il pouvait regarder dans le miroir, simplement le rêve de son existence… Le Gabriel James né de l’amour d’un grand père près à tout et d’une espérance illimitée. Mais que cet ami était loin aujourd’hui, presque inatteignable.

Ses yeux perdus dérivèrent jusqu’à aux mains fines de la belle demoiselle qu’il ignorait tout en étant trop présent. Ses doigts couraient sur la tasse où le liquide fumant reflétait son regard brun résigné. Comme le beau brun devait la décevoir en étant celui qu’il combattait depuis son arrivée à l’académie. Il sourit doucement lorsque la voix de la brunette brisa le silence qui les étouffaient. Elle avait murmuré quelques mots, mais il les avait entendus, presque avant qu’ils ne franchissent les lèvres douces de la jolie brune.

- Qui es-tu ?
- Je ne suis personne… Du moins, je ne suis pas quelqu’un de bien, tu viens d’en avoir la preuve… Je ne me confie pas et pourtant c’est si lourd que tout ce que j’aurais à confier risque bien de m’écraser un jour… Crois-moi, je ne suis pas celui qui est en face de toi à cet instant… Je me bat pour que celui qui à partager cette nuit-là, sur le balcon, revienne… Tu vas regretter de connaitre un garçon si… pathétique… Et pourtant, tu ne saura pas pourquoi…

Les pupilles du beau canadien s’étaient fixées sur celle de la jeune anglaise, cherchant sa compréhension. Ses paroles devaient paraitre folles, incohérentes, certainement semblable aux plus gros mensonges qu’elle ait jamais entendu et, malgré ça, le jeune homme s’accrochait à la sincérité qui habitait chaque jour son regard si particulier. Ces mots si vrais qui franchissaient ses lèvres à chacune de ses paroles. S’il était quelqu’un, Gabriel James était quelqu’un de sincère, que ce soit l’alcoolique, le généreux, l’heureux ou le détruit, il conservait ce caractère précieux, la haine du mensonge sauf quand il peut faire le bien…

- Tu m’as demandé qui j’étais… Je me connais assez pour savoir qu’il n’y a rien d’intéressant à dire à part que je dis toujours la vérité… Par contre, toi, Kate… Tu es une personne au caractère rare, tu es une fille bien, et si je peux t’aider, je le ferai… Une seule chose, ne m’en veut jamais d’être qui je suis au moment où je le suis… Je me soigne, mais la voix de la guérisons est longue…

Il suspendit ses mots, les laissant faire leur route jusqu’à la belle qui les prendraient ou les rejetteraient. Gabriel avait dit ce qui lui semblait être nécessaire, même si ses épaules faiblissaient sous le poids du passé, bientôt, il aurait besoin d’une paire de bras de plus et la jeune fille semblait être la mieux placée pour le moment. Il posa une main sur sa joue et sourit avant d’attraper le serveur au passage.

- Je crois que la demoiselle avait raison… Un café s’il vous plait…

Le barman grommela et emporta le verre vide, en même temps que les tentations morbides du beau brun.

[816 mots (VALIDE), déso pour le monologue et la réponse nulle…]

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