BEHIND YOU - R (?)

[Ok je prend^^ si tu es toujours d'accord]

Gabriel marchait d'un pas vif dans la rue, le froid mordant lui piquait le visage et les mains. Celles-ci étaient pourtant enfoncées dans les poches de son épaisse veste noire. Les lumières des vitrines illuminées pour Noël qui approchait lui faisait de l'œil et cependant, il n'avait aucune envie de les regarder, de toute façon à quoi cela aurait-il servi? Il était seul en permanence, il avait beau être dans une académie célèbre remplie de personnes aussi passionnées que lui, il n'avait eu aucun contact humain, mis à part cette étrange rencontre avec ce Daniel. Il posa les yeux sur la bande qui recouvrait sa main. La douleur avait disparu de sa blessure, mais ce soir, c'était du cœur qu'il souffrait. La solitude devenait trop pesante et les fêtes de fin d'année qui approchait, ainsi que ce stupide bal où il allait se retrouver seul, renforçait ses pensées mélancoliques. Il se rendit soudain compte que ses pas hasardeux l’avaient mené devant une boite de nuit… Pas du tout son style ça ! Et pourtant, il était tellement mal dans sa peau ce soir qu’il voulait, qu’il devait se prouver qu’il pouvait encore plaire aux filles… Enfin, aux autres en général. Il inspira une grande goulée d’air gelée et se glissa entre les couples et les groupes d’amis qui patientaient pour entrer. Il parvint jusqu’à la porte, paya et se laissa aspirer par la foule. La chaleur étouffante l’assaillit. Il se fraya un chemin vers un coin de la pièce et y déposa sa veste et son pull à col roulé et les abandonna. Il avait un faible espoir de les revoir mais il s’en fichait.

Le canadien commença à danser, porter par la musique. Il sentait les regards posés sur son t-shirt blanc, nu de toutes écritures. Ce haut laissait paraitre ses muscles développés par des années d’art martiaux divers. Une jeune fille s’approcha de lui et posa les mains sur ses épaules, lui cria à l’oreille "Je m’appelle Jane !"
Il acquiesça et glissa ses mains autour des hanches fines de la brune. Elle se colla contre lui et il lui sourit, l’invitant à faire ce qu’elle voulait de lui. De toute façon, il n’avait aucune attache et plus d’ami qui aurait pu lui reprocher ce comportement odieux, à lui qui était du genre preux chevalier et baisés au clair de lune. La brunette leva les yeux vers lui et ne trouva rien d’autre qu’un regard absent, perdu dans le flot de danseur. Elle lui prit la tête et l’embrassa. Il fut un peu surpris et recula vivement. La belle lui lança un regard hautain et il crut entendre un "Connard !" franchir ses lèvres. Il ferma les yeux, se traitant de tous les noms. Le seul refuge qui lui restait était le bar et il s’y dirigea, bousculé par la marée humaine.

Il jeta un regard au barman et commanda deux tequilas. Il but la première d’une traite. Le liquide lui brula la gorge, mais il attrapa pourtant le deuxième verre et vida son contenu dans sa bouche. Il serra les dents. Ce fut seulement à ce moment là qu’il se rendit compte qu’il était assis près d’une demoiselle blonde. Oui, une demoiselle. Elle ne ressemblait en rien à toutes les allumeuses qui trainaient dans la boite. Il émanait d’elle une force de caractère qui plus tout de suite à Gab. Elle n’était pas très grande, du moins c’est ce qu’il supposa puisqu’elle était assise. Elle était magnifique dans sa sublime robe noire. Il la détailla et il réalisa alors que ce n’était pas la première fois qu’il croisait la belle. Il fouilla sa mémoire et reconnu une des nombreuses filles qu’il avait croisé à l’académie, mais là-bas, le jour où il l’avait vue, elle semblait sûre d’elle... Alors que ici, accoudée au bar, la jeune fille semblait triste ou plutôt mélancolique. Il posa la main sur son épaule découverte et tenta une approche amicale maladroite
"Salut ! Tu es à TH, non ? Je m’appelle Gabriel… Gabriel James, j’y suis élève…"

Gabriel ne parvenait pas à se rappeler quand il l’avait vu la première fois, il fouilla sa mémoire. Ce n’était ni dans les écuries, ni dans les couloirs, il en était presque certain… Il retournait ses pensées dans tous les sens. Pas facile avec les deux verres de tequilas sur un estomac vide, surtout lorsqu’on vient d’en absorber un troisième. Cette remarque lui fit soudain peur. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Se saouler alors que ça faisait trois ans qu’il tenait. Surtout pour une raison aussi idiote ! La solitude n’était pas une excuse, rien ne pouvait servir d’explication à un alcoolique qui replonge. Sa cure de désintox avait fait des miracles et il ne voulait pas revivre ces durs moments où même la famille ne voit en vous qu’un ivrogne, un rejet de la société, juste bon à dormir le jour et à causer des problèmes la nuit. Il s’en voulait. Énormément. D’avoir bu le premier verre et d’avoir été assez idiot pour s’en commander un deuxième. Il regarda avec consternation le verre vide qu’il tenait à la main, le troisième, et le reposa sur le comptoir. Le bar en bois lui fit penser à la réception de Training Helps et à la jolie brune à qui il avait tenté de faire du charme dés son arrivée. Il réalisa que si la belle Sasha l’avait vu ce soir et, comme il le croyait, l’autre jour à l’académie, elle ne devait pas avoir une très haute opinion de lui. Que devait-elle penser ? Qu’il était un dragueur invétéré, un de ces crétins qui savent qu’ils sont bien foutus et s’en servent à tort et à travers ? Et manifestement, il était dans le vrai, vu le sourire moqueur qu’elle lui offrit
"On a vexé la demoiselle ?"

Il lui lança le regard le plus innocent du monde et se mit à rire
"C’est plutôt moi qui devrait être vexé qu’elle me prenne pour un mec facile… Elle s’est carrément jeté sur moi^^."

Et en effet, à cet instant, il l’était. Un mec facile. Il aurait donné n’importe quoi pour revenir en arrière et revivre les temps heureux où lui et Danneel étaient encore ensemble et où la belle le rendait fou dés qu’elle posait ses magnifiques yeux sur lui. Mais ce temps était révolu et plus il y pensait et plus ça lui faisait du mal. Il décida donc de reporter son attention sur la Demoiselle blonde. Elle le regardait avec un air amusé mais il se rendait bien compte qu’elle était ailleurs, entre ses pensées et un homme qui dansait un peu plus loin. Et même si la brune du début de la soirée avait réveillé en lui des désirs éteints depuis quelques temps, il ne voulait offrir à cette jeune femme, sans doute abandonnée par son prétendant, que de l’amitié. Aussi tenta-il de lancer la conversation
"Tu le connais ? Le gars là-bas… Je sais que c’est indiscret mais je préfère passer une bonne soirée à discuter qu’un réveil douloureux demain pour avoir trop bu… "

Le beau brun repensa en frémissant aux verres de téquilas et se tourna vers le barman. Il lui demanda un soda. Le jeune homme le servit en haussant les épaules, le regard plongé dans le décolleté de Mademoiselle Lewis… Ce manque de tact le marqua mais il ne dit rien et se concentra sur la réponse de sa voisine de bar.

Le canadien sourit… Belle répartie que celle de la jolie blonde. Ce piquant lui plaisait. Il se rappela qu’à une époque, il avait été comme ça… Mais plus aujourd’hui, il avait perdu cette répartie pour se protéger du regard des autres. Lâche ? Si c’est ce que vous pensez… Le beau brun posa un regard compatissant sur la jeune demoiselle qui semblait plus loin que ses pensées, surement sur le chemin tracé par l’alcool et ses réflexions étranges sur la vie. C’est alors qu’elle lui répondit
Heum … C'était mon cavalier ce soir, mais il a mal pris le faites que je lui demande gentiment pourtant de calmer ses ardeurs ... Le genre de garçon un peu collant et qui se vexe très vite ...

Gabriel comprenait tout à fait… Ce genre de type qu’il haïssait et qu’il pouvait pourtant devenir… Pas par amour, ni même par jalousie, seulement par peur de la solitude. Celle qui fut sa première et plus fidèle amie… Il ferma un instant les yeux et laissa la musique emplir son cerveau.

Que je peux tout abandonner
Je continue de croire
Qu'il reste toujours un espoir
Dis moi que vaut le prix d'une vie
Je dis, ça dépend des pays
Plus le sang coule, plus il déprécie
Dis-moi, peut-on vivre sur terre sans fusil
Ces femmes qui se réjouissent
De voir leurs enfants qui grandissent
Oh mon Dieu j'aimerais qu'elles puissent
Chanter aux côtés de celles qui sont si tristes

Paroles intéressantes mais trop crédules à son goût. Non il n’y avait plus d’espoir et tout était perdu. Il inspira un grand coup, le verre que la jeune fille portait à ses lèvres ne cessait de l’appeler, de le tenter… Il serrait les poings, était-il déjà trop tard ? Avait-il replongé dans l’enfer de la boisson ? Il réfléchit un instant, enfer ou éden ? Il se rappelait le bonheur qu’on éprouvait lorsque le liquide chaud enivrait l’esprit. Le bien être qui vous envahissait après seulement quelques verres. Il se reprit quand la suite de l’histoire lui revint à l’esprit. La nuit passée à parler aux WC, le mal de crâne et surtout cet horrible remord qui vous ronge lorsque pour la cinquième fois de la semaine vous avez traité les gens que vous aimez comme de simple étrangers si pas pire… C’est pour toutes ces raisons que la demande de la belle , le fit éclater de rire, rien que le fait de penser qu’il avait été à sa place souvent… Trop souvent sans doute.
Bien sûr… Je veille sur toi miss Lewis et je ne sais pas si tu déteste suffisamment ton mec pour ça mais… Ca te dirait de danser, en tout bien tout honneur, bien sûr ! L’alcool se diffuse dans l’organisme plus vite et on peut boire beaucoup plus… Crois-moi, je suis… Enfin, j’étais un connaisseur…

En avait-il trop dit ? Peut-être… Il se mordit la lèvre. Pourquoi raconter à une inconnue son histoire ? Malgré sa retenue à ce sujet, en parler lui ferait probablement du bien mais la blondinette dans la phase un de ‘bourrage de gueule' était-elle la personne appropriée ? Il en doutait...

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Le grand brun ne voulait en aucun cas blesser la belle demoiselle et pourtant, il lut dans ses yeux tout le contraire. Était-elle intéressée par lui ou uniquement par l’idée de ne pas être seule ? Il décida que ces questions étaient futiles et il laissa la main chaleureuse de la blondinette se glisser dans la sienne. Une fois sur la piste de danse, les sensations réveillées plutôt dans la soirée par la brune sulfureuse firent à nouveau leur apparition. Sasha semblait d’humeur séductrice et pourtant lointaine. Il regarda autour de lui… Qu’est-ce qui avait bien pu capter son magnifique regard ?
Il découvrit son centre d’intérêt. Un couple buvant, une coupe de champagne au comptoir. Le jeune homme semblait plein d’assurance et sa compagne rempli de bonheur. C’est alors qu’une rousse fit éruption dans le beau tableau. Le canadien compris tout de suite le canular, en apercevant la camera. Pauvre garçon… Ça allais surement lui couté sa copine… Il détestait ce genre de filles… de personnes qui s’amusait au dépend des autres… Il décida d’ignorer cette situation qui ne le concernait pas et se concentra sur sa cavalière.

Elle était vraiment magnifique. Les flashs lumineux éclairaient ses mèches blondes de couleurs hors du commun. Son corps moulés dans sa robe noire décolletée et il faut le dire assez courte ondulait au rythme de la musique. Il plongea son regard noisette dans celui de la demoiselle et se sentit prisonnier de ces yeux si beaux, si captivant… Il resta un instant inconscient, perdu dans le vague, complètement hypnotisé et toutes ses belles résolutions disparurent… Oui, la jeune femme lui faisait de l’effet. Et pourtant… Le canadien ne voulait pas, ne pouvait pas profiter de la situation de la belle. Il s’en voudrait beaucoup trop… Cependant le désir de la prendre dans ses bras pour la réconforter, pour lui faire tout oublier était si fort. Était-il présomptueux de croire qu’il possédait le pouvoir de rassurer les gens par sa seule présence ? Il était perdu entre désir et retenue, entre envie et réflexion.

La musique changea, lui offrant l’occasion de satisfaire l’un et l’autre. Un slow… Cela faisait si longtemps pour Gab. Il glissa ses mains autour de la taille de Miss Lewis et se colla contre elle. Le contact doux de la jeune fille lui fit perdre la tête. Une de ses mains remonta lentement dans le dos de la blonde sans qu’il en ait vraiment conscience. Il savait qu’il n’avait aucun droit de faire ça et qu’il commençait déjà à trahir sa promesse de veiller sur elle. En effet, il ne se considérait pas comme la meilleure chose qui puisse lui arriver. Peu importe, son corps n’obéissait déjà plus à son cerveau. Il ferma les yeux et la serra plus fort dans ses bras. Pas de doute, elle l’avait envouté… Peut-être sa fragilité apparente… Car il ne l’aimait pas, il le savait… Il voulait juste prendre soin de Sasha, lui offrir la main amicale à laquelle, lui, n’avait jamais eu droit. Il approcha son visage du sien, leurs lèvres étaient à présent si proches… Puis soudain, un brouhaha et la foule qui se bouscule… La brune à la flute de champagne venait d’empoigner la rousse à la camera. Le jeune homme en costume quant à lui, les regardait les bras ballants, complètement dépassé par la situation…
Reste-là !
Le beau brun abandonna la demoiselle sur la piste de danse et franchit les quelques pas qui le séparait du pugilat avant de tenter de séparer les deux jeunes filles [Quel héroïsme^^]

Validé par Malyss

Gab sépara assez… rapidement les deux jeunes filles et tout redevint calme, comme si rien ne s’était passé. Mais cet incident lui avait permis d’y voir plus clair. Il se demandait encore ce qui avait bien pu lui prendre. Tenter d’embrasser une fille qui était, oui, attirante mais qui ne lui plaisait pas vraiment [surtout si elle n’est pas libre, hein seb^^]. Il arriva à temps pour voir la jeune femme blonde se glisser, telle une ombre noire, jusqu’au bar.
"Attend ! Je suis désolé…"

Il la regarda droit dans les yeux, le plus sincèrement possible et lui retira son verre des mains
"Est-ce que tu crois que je te mens quand je dis que je ne recommencerai pas ?"
Il lui prit la main et l’attira contre lui pour lui murmurer
"Je ne sais pas pourquoi tu bois et je m’en moque mais si tu veux en parler je suis là… alors je sors et je t’attends devant la boîte. Si dans un quart d’heure tu ne m’a pas rejoins, je comprendrais que tu ne me fais plus confiance. Mais je ne te laisserais pas… Tu as peut-être quelqu’un que je pourrais appeler pour toi ?"

Le beau brun la libéra de son étreinte et se dirigea vers la sortie, les danseurs le bousculaient, les lumières l’aveuglaient, il commençait à étouffer dans la chaleur ambiante. Il déboucha à l’air libre avec un soupir, dans son dos, la musique se transforma en pop-rock et il ne l’entendit pas mais sa chanson préférée retentit dans l’air embrumé du ‘Seven Stars’ :

Do you ever feel like breaking down?
Do you ever feel out of place?
Like somehow you just don't belong
And no one understands you
Do you ever wanna run away?
Do you lock yourself in your room?
With the radio on turned up so loud
And no one hears you screaming
No you don't know what it's like
When nothing feels all right
You don't know what it's like to be like me
To be hurt
To feel lost
To be left out in the dark
To be kicked
When you're down
To feel like you've been pushed around
To be on the edge of breaking down
When no one's there to save you
No you don't know what it's like
Welcome to my life

Le canadien s’appuya contre un mur, les larmes de rages coulaient le long de ses joues rougies par le froid cinglant. Il s’assit ensuite sur le trottoir, les genoux remontés sous sont menton et entourés de ses bras pour tenter de préserver le peu de chaleur qui lui restait, pour repousser le froid pénétrant. Il avait oublié sa veste et son pull dans la boîte de nuit, et se retrouver en t-shirt dans la rue au moi de décembre à San Francisco, c’était pas vraiment la joie. Il frissonna et eut un haut le cœur. Il se releva et laissa son estomac se vider dans une ruelle parallèle… Il payait pour les trois verres de téquilas. Il avait l’air fin l’ex-alcoolique, appuyé contre un mur humide, dans l’ombre pour trois malheureux tord-boyaux…
Il se releva, essuya ses lèvres et déglutit pour chasser le gout atrocement amer qui lui emplissait la bouche. Il retourna devant l’entrée éclairée, l’enseigne bleue et blanche illuminait une dizaine de mètres de rue avant d’être secondée puis remplacée par celle rouge d’un café. Intérieurement, le grand brun était bouleversé, il voulait aider la demoiselle mais craignait qu’elle ne lui pardonne pas son égarement. Il croisa les doigts en une prière silencieuse pour qu’elle sorte pour lui parler, la porte s’ouvrit et il retint son souffle…

Gabriel était toujours appuyé contre le mur de la boîte. Il jeta un œil à sa montre et secoua la tête d’un air dépité. "Sasha, je t’en prie, sort de là !" Les pensées du jeune garçon étaient chaotiques, Entrer ? Partir ? Rester là ? Il ne savait que faire. Il se prit la tête dans les mains. Quelques années plus tôt, la question ne se serait même pas posée, il aurait abandonné la demoiselle à son sort sans aucun remord. Mais aujourd’hui, il était un homme et le doute le rongeait. Si elle n’était pas venue, c’est qu’il ne pouvait rien faire pour elle. Tant qu’on n’a pas décidé de se faire aider, les autres ne peuvent rien faire. Rien. Il ferma les yeux, le mur dans son dos tremblait tant la musique était forte à l’intérieur. Le canadien réalisa soudain une chose très importante. Miss Lewis n’était pas lui. Ce n’était pas une alcoolique. Son histoire et celle du jeune homme n’avait rien en commun. Pourquoi se projetait-il en elle ? Cette question lui emplissait l’esprit. Mais il ne trouvait pas la moindre réponse. Et ça, ça le perturbait un peu. Mais bon, ce n’était pas le moment de faire une analyse détaillée de sa psychologie malade. Il devait prendre une décision. Il réfléchit un instant. Son cerveau tournait à plein régime et le froid ne l’atteignait même plus. Les gens qui passaient devant lui les dévisageaient lui et son t-shirt blanc moulant. Après tout, ça ne lui coûtait rien d’entrer, juste pour voir si elle allait bien et aussi pour récupérer sa veste et son pull bien que son espoir à ce sujet était mince.

Le canadien inspira une goulée d’air pur et entra d’un pas lent dans le bâtiment plein de monde. Il remarqua cependant qu’il y avait quand même moins de personnes, il était environ trois heures du matin et la plupart des adolescents étaient rentré chez eux pour laisser place au adultes. Il se dirigea vers le coin où il avait déposé sa veste et vit qu’elle s’y trouvait encore. Miracle ! Il se retourna et chercha la blondinette des yeux. Il la découvrit en mauvaise posture dans les bras d’un garçon aux cheveux d’un brun très foncé, plutôt grand, enfin il faisait plus ou moins la même taille que lui. Il s’approcha silencieusement, se glissant parmi les danseurs. La même sensation d’étouffement que plus tôt le reprit mais il l’ignora. Le jeune homme finit par s’approcher suffisamment pour voir le regard apeuré et complètement désorienté de la belle demoiselle. Il posa la main sur l’épaule du pervers et dit simplement
"Lâche-là."

Son ton était bas, cassant, méprisant mais calme. Aucune trace de colère ne marquait sa voix.
"T’es qui toi ?"
"Ne me force pas à répéter."

Gab lui lança un regard méprisant, ses magnifiques yeux noisettes avaient foncés pour virer presque au noir. Sa façon de parler restait égale, écrasante. Il semblait que sa voix couvrait la musique et emplissait l’air.
"C’est toi Sébastien ?"
"Si tu tiens à la vie, tu laisse la demoiselle tranquille."
"Ah bon ?"

L’homme avait parlé d’un ton ironique en levant les poings, mais il ne put même pas finir son geste, Gabriel avait tiré son bras vers lui avant de le replier dans le dos de son adversaire. Ce dernier lâcha Sasha. Le beau brun l’écarta d’un geste doux puis intensifia sa prise sur le bras immobilisé. Son propriétaire hurlait à ses amis de faire quelque chose.
"Je ne ferais pas ça à votre place" murmura Gab d’un ton glacial.

L’un des acolytes du pervers fit un pas. Le mouvement de trop. Le canadien accentua l’angle du poignet qu’il maintenait et un craquement sinistre retentit. Il relâcha sa prise qui s’écroula de douleur sur le sol collant et luisant de la piste de danse. Le grand brun déposa un regard haineux sur l’homme qui gémissait au sol. Il prit la blonde éméchée par la taille et l’emmena dans les toilettes. Tout son corps vibrait d’une colère sourde dirigée contre lui-même qu’il contenait avec beaucoup de mal.

Gab soutenait la blondinette comme il pouvait, mais elle semblait complètement désorientée. Il essayait désespérément de la garder collée contre lui pour lui donner un semblant d’équilibre. Il avait beau essayer de se concentrer sur elle, une petite voix démoniaque lui emplissait la tête. Ah, il est beau le petit Gabriel James ! Incapable de faire autre chose que le mal et la souffrance… Un bon à rien qui n’est digne de rien, excepté de la solitude et de l’oubli. Il s’arrêta devant la porte des toilettes pour femmes, l’ouvrit et malgré les regards outragés des demoiselles présentes, y entra. Il portait à moitié Sasha qui paraissait vraiment ailleurs. Il se pencha au-dessus d’un évier et lui rinça le visage. La peau si douce de la trop jolie Mlle Lewis était à présent moite de sueur. "Dans quel état t’es-tu mis, ma belle ? Ta vie t’a-t-elle tant déçue aujourd’hui ?"

Il vit un pâle sourire apparaitre. L’avait-elle entendu ou rêvait-elle à un autre monde, une réalité toute différente ? Il lui caressa la joue tendrement, comme un grand frère le ferait. Lorsque l’alcool décida de retourner son estomac, il resta auprès d’elle, la main posée sur son épaule, présence rassurante, alors que la demoiselle était agenouillée devant la toilette. Tout ce temps, le murmure haïssable poursuivait sa campagne de destruction massive de la volonté du jeune homme. Le canadien luttait de toutes ses forces pour ignorer les reproches, les injures injustes qu’il se lançait lui-même à la figure. A un moment, Sasha parut reprendre un peu ses esprits et il la laissa seule un instant, en compagnie d’une surprenante jeune femme. Ses cheveux noirs coupés mi-long, tombait en désordre sur ses épaules. Elle était loin d’être jolie, mais une bonté infinie se dégageait de cette personne posée. Il lui fit confiance et sortit de la pièce où les ‘dames’ le regardait avec un peu trop de dégout. Il en avait déjà assez pour lui-même sans devoir en plus supporter ces regards accusateurs sur lui.

Une fois dans le couloir étroit, il s’appuya face contre le mur et serra les poings fortement. Il frappa soudain le mur lorsque le ricanement incessant lui emplit la tête d’une réalité qu’il cherchait à fuir depuis des années : Pas étonnant que tes parents t’aient abandonné, tu es quelqu’un de dangereux, de violent ! Frappé de plein fouet par de vieux démons, le beau brun ne pensait qu’à une chose. Partir. Fuir cet endroit qui lui jetait son passé à la figure et le tirait loin d’un avenir et même d’un présent qui auraient pu être heureux. Mais quelque chose le retenait. Pas même la générosité, seulement cette promesse idiote : "Bien sûr… je veille sur toi Miss Lewis !" Quel imbécile il avait été ! Dés que ses pas l’avaient déposé devant ce lieu horrible, il aurait du comprendre et tourner les talons. Mais toujours cette envie. Cette nécessité de se prouver qu’il pouvait être comme les autres. Danser, s’oublier dans les bras d’une femme, boire… Deuxième erreur de la soirée ! Déjà, à ce niveau là, il n’était pas comme tout le monde. Un verre et son univers pouvait s’effondrer. Ensuite, la si jolie blonde désespérée qui lui avait fait tourner la tête pour une raison obscure. Mais toujours, ce désir de ‘normalité’. La séduction, l’héroïsme, le courage, la confiance… Que de clichés ! Il les avait tous revisité ce soir. Et le bouquet, le summum de l’absurdité, ce combat grotesque avec ce type. La colère et ce craquement sinistre. Il avait été trop loin !

Il regarda ses poings blessés très légèrement. Décidément, lui et le sang, son propre sang, ça faisait deux ! Une main se posa sur son épaule, il se retourna. La belle blonde lui fit un petit sourire. Elle ne ressemblait en rien à la jeune fille qu’il avait rencontrée au bar, environ cinq heures plus tôt…
"Alors, Miss Lewis ? On rentre à la maison ?"

Il se mordilla la lèvre inférieure, un petit tic fréquent chez lui.
"Sasha, ça te dirai qu’on s’en aille pour respirer un peu d’air frais ?"

Laisses. Je vais me débrouiller maintenant. Merci pour ce que tu as fais, et même si tu le regrettes maintenant, t'as qu'à te dire que si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'à venir me trouver sur le domaine.

Gabriel se prit cette phrase dans les dents. Pas question qu’elle se défile ainsi ! Qu’elle lui ait attiré tant de problèmes pour ensuite lui dire, non c’est bon tu peux y aller et à la prochaine ! Elle était folle ou quoi ? Ou bien c’était l’alcool ! Il était gentil mais il ne fallait pas abuser non plus ! Il n’était pas un objet qu’on louait pour une durée indéterminée pour ensuite le rendre en disant, mauvaise marchandise, byebye !
Il lui lança un regard exaspéré cette fois. Plus aucun charme entre eux. Il la fixait, droit dans les yeux. Son message était clair. Si tu ne peux pas remballer ta fierté, moi je ne trahis jamais mes promesses. Il secoua la tête devant l’apparente incompréhension de la blondinette.
Pas question, Sasha, c’est trop facile ! Ce qui vient de t’arriver ne t’as pas servi de leçon ? Dés que je franchirais la porte cet imbécile et ses copains se jetterons sur toi et te ferons payer pour mon erreur !

Il était en colère, son cœur battait plus vite. Jamais, il n’avait vu une personne aussi ingrate. Un simple merci aurait suffit alors que son visage n’exprimait aucune émotion.
Si je comprend bien, tu m’accuse de ne pas être à la hauteur ! Je ne sais pas si tu te rends compte mais en cassant le poignet de ce gars, j’ai renoncé à tous mes principes ! Je demande juste un ‘merci de bien vouloir me raccompagner’ ! Est-ce trop demander à Miss Lewis ?!

Ses paroles étaient cassantes et la colère qu’il ressentait était toute autre que celle qui l’avait envahi devant l’autre imbécile. Le canadien ne voulait, à ce moment là, que protéger la demoiselle, alors que maintenant, il était profondément blessé. Il s’en voulait d’être atteint à ce point là par les paroles de la jeune fille qui parlait sous l’effet de l’alcool, du moins, il espérait que c’était seulement pour ça. Parce que si elle avait déjà reprit ses esprits, ça voulait dire qu’elle ne considérait vraiment pas ce qu’il avait fait pour elle. Non, Gab ne prenait pas la grosse tête, il voulait juste qu’elle reconnaisse qu’il lui avait rendu service. Il ne demandait rien en échange !

Il lui lança un regard attristé et pourtant glacial, et se dirigea d’un pas lent vers la salle d’où un bruit assourdissant s’échappait. Il traverserait la salle et retournerait à l’extérieur, hors de cet enfer et là, il intégrerait à nouveau son monde. Quoi de mal à ça ? Rien excepté qu’il avait transgressé beaucoup de règles qu’il s’était fixées, pour une étrangère et un goût amer emplissait sa gorge. Le regret, peut-être… Mais au fond de lui, Gabriel était sûr que tout ça avait eu un sens. Simplement pour lui prouver que boire à nouveau quelques verres ne l’avait pas fait replonger, qu’il s’était pour de bon libéré de ce mal qui l’avait rongé trop longtemps.

Arrivé au bout du couloir, il se retourna et dit simplement.
Ravi de t’avoir rencontrer, Sasha Lewis. A une prochaine fois…

Bien sûr, si la belle blondinette le rattrapait et lui demandait de la ramener, il le ferait avec plaisir mais une petite voix dans sa tête lui affirmait qu’elle était bien trop fière et indépendante pour ça…


[ Par contre, je crois qu’elle serait bien capable de le poursuivre pour l’engeuler^^]