. L'eau révélatrice de vie .

Daniel s’accouda au box, aucune réaction, aucun mouvement de sa part. Sa croupe noire, empoussierée lui faisait face, provocante à souhait, piquante et attrayante, quel était le problème de cette jument désinteressée ? Le désinteressement, justement était son problème. Il fit coulisser le verrou de la porte, encore une fois, le néant côté réactions. Même pas un semblant de réplique, rien. Déception et frustration lui enserèrent le coeur, lésé, il se dirigea vers la sellerie, son armoire portait le numéro vingt et un avec distinction, un numéro porte bonheur, à son avis. D'un mouvement abile du poignet, il fit tourner la clé dans la serrure, ses biens s'offrirent alors à sa vue. Un licol pendait à un crochet chevillé à la porte, d'une main précipitée, il l'attrapa, le passa à son bras et arracha une couverture verte foncé à l'une des planches du placard. La longe qu'il attacha à la bride de promenade en cuir brun était en corde, sa couleur était aussi verte que l'herbe d'été et la teinte lui ramena le sourire, si cette ponette se désinteressait de lui, il l'interesserait, il lui ferait découvrir une nouvelle vision de son monde à lui.

Le brun constata avec contentement la proximité du boxe de Salammbô et de la sellerie, ce serait pratique pour transporter ses affaires, sa selle, par exemple, objet de tous les soins qu'il exécrait poser au sol ou même établir sur une porte de boxe. Non, pour sa selle, il désirait un porte selle de ce nom, recouvert d'un mousse protecteur. Ses pas résonnaient dans l'écurie vierge de salissure, malgré le foin et les copaux, litière dont les chevaux disposaient, l'allée était intacte. Croupe en avant, la jument acceuillit Daniel, le pire pour lui était qu'elle ne montrait aucun signe, il aurait encore préféré qu'elle lui montre les dents, qu'elle plaque ses oreilles tout contre la nuque, qu'elle lui témoigne ce qu'elle avait à lui témoigner. Il entra, aucun signe, aucun mouvement, il la contourna, se retrouva à sa gauche, s'accroupit prudemment, ils étaient face à face à leur façon, les yeux dans les yeux. Elle n'en dévoila pas plus d'elle, il l'effleura du plat de la main, son poil était doux et court, elle devait avoir été tondue deux semaines au plus auparavant. Salammbô frissona, n'aimait-elle pas le contact ? Il se releva doucement, évitant les mouvements brusques autant que les grands gestes. Daniel s'approcha, posa ses caresses sur l'encolure qu'il constata être ample, comme il les aimait, sa caresse continua, il passa sur le garrot, puis descendit sur son dos. Elle roula des yeux, plaqua les oreilles sur sa nuque, tapa du postérieur. Il prolongea le frôlement jusqu'au couard, elle calma ses ardeurs et le regarda plus attentivement. Il lui passa le licol, attrapa la lanière de cuir par dessus sa tête et attacha la boucle dorée, son léger regain d'attention avait permis à Tarek de constater qu'elle avait juste besoin que l'on s'occupe d'elle que l'on s'interesse à ce qu'elle pouvait faire.

< Ca te dit que l'on fasse connaissance, Sambô ?

Daniel poussa la porte du boxe, la main à proximité du mousqueton d'attache de la longe, l'autre plus loin sur la longe. D'un marché calme, il attira la jument hors de son box, elle pointa les oreilles et allongea son encolure, poussant son nez loin devant elle. Le brun était ravi de l'enthousiasme nouveau de la ponette, ses lèvres s'étirèrent en un sourire et il plongea ses yeux dans les reflets de la robe de Salammbô. Elle était d'un beau bai foncé et quelques pommelures lui coloraient la cuisse. Ses crins étaient entretenus, cela se voyait, ils étaient coupés au carré, longs de quelques six centimètres. Sa crinière retombait tout entière du côté gauche, ce qui la définissait comme étant gauchère, elle serait plus difficile à travailler à main droite, il le su dès ce moment. La belle était impatiente et Daniel ne la fit pas attendre plus longtemps, ils prirent le chemin des douches, lui, la couverture et son matériel de douchage au bras, elle, regardant de tous côtés, les oreilles pointées.

< Tu aimes les promenades, alors ?

Ils arrivèrent au bâtiment où les douches et solariums étaient installés, il y en avait deux de chaque et Daniel en occupait désormais une, accompagné de Salammbô. Le point d'attache était haut placé et le brun y attacha la jument, elle se demandait un peu pourquoi il l'attachait là, dans une pièce alors qu'elle aimait bien respirer l'air comme tout à l'heure. Il posa ses affaires, composé d'un seau, de brosses et d'essuis, qu'il utiliserait pour au minimum secher les paturons et les creux portant le même nom. Il fallait éviter les crevasses et le sechage de ces parties était le meilleur moyen. Elle recommenca à s'inquieter, il flatta son encolure, fit un petit passage sur son dos, même réaction de mécontentement que tout à l'heure, la belle remue, la belle tape du sabot, pivote des oreilles...

< On ta fait mal là.

Daniel s'emparra du tuyau d'arrosage spécialement adapté avec un embout règlable en température et en pression et l'alluma tout en parlant à la jument pour l'apaiser, bien que le bruit de l'eau ne lui arracha aucun frissonnement ni mouvement de peur. Elle regardai l'eau avec une étincelle de vie dans les yeux, peut-être qu'avant elle avait eu affaire à un cavalier qui ne prenait pas bien soin d'elle ? Tarek dirigea le jet d'eau vers les jambes de la jument, il procéda par partie et dans un premier temps ne monta que jusqu'aux genoux de la belle. Salammbô semblait apprécier, elle cherchait à toucher l'écoulement d'eau et ployait l'encolure de tous els côtés pour y parvenir. Sambô trépignait d'un plaisir non dissimulé. Mais tout cela était trop facile, la jument peureuse ne se transforme pas ainsi en une jument curieuse d'un rien. Dès que Dan arrêta le jet d'eau, elle se demande ce qu'il se passait, coucha les oreilles et baissa l'encolure, essayant d'attraper les dernier filets d'eau qui coulaient vers la sortie d'eau.

< Oh là ma belle on se désinteresse ?

Il essaya de rallumer la lueur d'interet par des caresses, Sambô ne percuta pas, elle se renfrogna et fit la moue, Daniel Tarek Dohersten ne l'interessait absolument pas. Rallumant le jet, il l'éloigna de la jument, il tenta de s'en approcher, se remua dans tous les sens pour se liberer de l'attache qui la retenait. Rien n'y faisait. Daniel se rapprocha et termina de mouiller la jument, le ventre, l'encolure, le poitrail puis la croupe et le dos. Elle frissona quand l'eau entra en contact avec son dos, non par crainte mais par soulagement, elle se laissa aller à la détente et détendit son encolure. Tarek prit une noisette de savon dans sa main l'appliqua sur le poil de la belle, il frotta au bouchon, à la main et fit mousser de partout cette robe couleur d'ébène. L'eau lui faisait du bien, le cavalier saurait s'en rapeller plus tard, quand il aurait besoin de changement, de détente. Sûrement glisserait-il une séance douche dans son horaire de la semaine ? Daniel rinça longuement la jument, lui laissant encore pendant un moment se détendre, il sentait qu'elle en avait besoin. peut-être ne la monterait-il pas avant un moment, il la détendrait et s'en occuperai correctement avant de la monter ?

< Que t'a t-on fait Sambô pour que tu sois si impassible ?

La jument lui avait lancé un long regard lourd de souvenirs, il arrêta le jet et racla la robe de la belle avec un racloir équin, il prenait la forme de l'endroit désiré et arrachait au poil un maximum d'eau qui allait, elle, s'écraser au sol en grosses flaques qui elles-mêmes coulaient vers l'égoût. Il sècha ensuite avec beaucoup de soin les paturons de la ponette, prenant soin de ne pas en laisser une parcelle de mouillé. Aussi, il prit une éponge et nettoya les naseaux, les yeux et les lèvres de la jument, enchangeant chaque fois d'éponge puis les essuya. La jument fuyait l'éponge, fuyait l'essui. Elle fuyait surtout le contact avec Tarek. Il prenait pourtant soin d'elle, la caressait pour l'apaiser, lui parlait doucement. Daniel alluma le solarium et resta là, à regarder Sambô, elle avait l'air triste, les yeux perdu dans les flaques où la lumière se reflétait...



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