Parce que quelque part, ils se connaissent déjà - Daria ;

La jeune fille avait passé une journée de plus en cette merveilleuse compagnie qu’était les chevaux. Cette académie lui offrait tout ce qu’elle n’avait jamais eu : les chevaux toujours à disposition, une salle de sport, une bibliothèque, tout ! Mais une chose lui manquait, une chose qui, de l’autre coté de l’océan, faisait partie de son quotidien, les discothèques. Certes elle avait 17 ans et était mineure, mais lorsqu’elle le voulait, elle pouvait paraitre bien plus agée et munie de sa fausse carte d’identité, elle se faisait passer pour une Serena Jones inconnue. C’était la nuit qu’elle jouait aux rebelles et alors que ses parents étaient persuadés qu’elle sombrait dans de doux rêves, elle, elle entrait dans ces endroits sombres, remplis de musique et d’alcool. Edward était toujours de la partie, c’était d’ailleurs lui qui l’y avait poussée tout en gardant un œil protecteur sur elle. Quatre ans les séparaient, quatre ans de trop. Combien de fois n’avait-elle pas souhaité avoir l’âge de cet homme ? Assez pour s’être persuadé qu’elle pouvait les avoir et s’être créé cette carte d’identité qui lui servait deux fois par semaine. Et lui seul était au courant de cela, comme toujours.

Quel magnifique couple formaient-ils… Les chevaux les avait réunis et une amitié s’était créée entre les deux jeunes gens. Mais y avait-il eu plus ? Daria ne le saurait probablement jamais. Tout ce qu’elle savait c’est qu’il avait fait de sa vie un conte de fée et que si elle était dans cette académie, c’était grâce à lui et à personne d’autre.

Ce manque de soirée, cette soudaine nostalgie, la poussèrent inconsciemment à se vêtir d’un petit haut sans manche brun, parsemé de nombreuses paillettes argentées, avec pour le bas, une jupette noire à volants ondulés. Un rouge à lèvre carmin, du far a paupière noir, les cils recourbé donnant un effet étoffé et les cheveux lâchés en de belles boucles brunes, elle enfila rapidement des ballerines noires et sa veste en cuir brun et appela un taxi.

« - Je suppose que vous allez au Seven Stars …
- Pardon ?
- Vous allez au Seven Stars, n’est ce pas ?
- Je ne sais pas si le Seven Stars est une boite, mais si c’est le cas et bien vous avez raison. »

Lorsque le véhicule s’arrêta devant le batiment, Daria se sentit submergé d’un besoin urgent d’entrer dans cet endroit qui lui était inconnu. Elle paya rapidement le brave homme qui la complimenta sur sa tenue et se précipita vers l’entrée. Comme d’habitude, elle entra sans trop de problèmes et se dirigea automatiquement vers le bar.

« - Vous êtes nouvelle ? demanda le barman.
- Comme vous le voyez !
- Et que puis-je vous servir ?
- Une vodka pure s’il vous plait.
- Vous êtes sur ?
- Puisque je vous le dis ! »

Vodka pure, c’était la première boisson qu’elle buvait lorsqu’elle allait dans ce genre d’endroit. Non pour se saouler, mais pour se donner du courage. Après cela, elle avait moins peur du regard des autres. Le brave homme la servit et en une gorgée, elle avala ce liquide translucide. Il lui brula légèrement la gorge et merci destiné au barman se fit entendre. C’est à ce moment là qu’elle sentit le réel manque d’Edward. Habituellement, après ce verre, il l’invitait sur la piste de danse afin d’éviter que quelqu’un vienne interpeller la jeune fille. Mais là, il n’y avait personne. Et si elle ne se décidait pas a quitter ce bar, des tas d’hommes tenterait on ne sait quoi avec la jeune fille. Alors que l’homme derière la bar articula quelques mots que Daria n’écouta pas, celle-ci se leva du tabouret et se dirigea, au rythme de la musique au milieu de la piste.

Qu’attendait-elle de cette soirée ? Rien, absolument rien. Elle voulait juste danser, bouger au rythme de la musique, coller son corps à celui d’un homme qu’elle ne reverrait jamais, comme à Londres. Mais ce ne serait pas comme à Londres. Premièrement, elle n’était pas à Londres, mais à San Francisco. Deuxièmement, Edward n’était pas là pour la protéger s’il lui arrivait quelque chose. Et troisièmement… Et troisièmement rien du tout. Elle oublia tout, se laissa aller, et les yeux fermés se déhancha en suivant le rythme de la musique. Apparament, ces déhanchements eurent le même effet qu’en Angleterre, peut-être un peu trop rapidement même, puisqu’elle se retrouva coller à un homme qui lui murmura quelques mots à l’oreille.

« - Je me permet de t'attirer à moi.. »

Sur le moment même, elle sourit. Il se permettait beaucoup mais savait qu’elle le laisserait faire. Mais cette voix… elle l’avait déjà entendue quelque part… Elle s’ordonna de cesser de penser à cela et de profiter de l’instant présent. La musique avait probablement déformée le timbre de la voix masculine. Après quelques déhanchements sensuels avec son partenaire, elle décida d’enfin ouvrir les yeux et de voir à quoi ressemblait ce dernier, certaine qu’elle ne serait pas déçue vu la population qui remplissait ces lieux. Mais lorsque ses paupières s’ouvrirent pour laisser place à cet homme, la jeune anglaise fut surprise de ce qu’elle voyait. Si sa mémoire ne lui jouait pas encore de tour, il s’appelait Daniel et était prof à Training Helps.

« - Je ne vous connais pas mais alors de là à vous savoir si bon danseur ! »

Malgré son lèger malaise, l’avantage de la vodka en début de soirée repris place et elle continua de danser. Ses bras se retrouvèrent de chaque coté de son cou, son visage s’était rapproché du sien, leur lèvre séparées de quelques millimètres, sa jambe entre celles du jeune homme, leurs mouvements étaient en parfaite harmonie. Et la cerise sur le gateau, c’est le regard qu’il lui adressait. Elle s’était plongée dans ces yeux océans et s’y noyait à présent. Elle restait persuadée qu’elle n’en ressortirait plus jamais… Était-ce possible qu’un homme ait un tel impact sur elle ?

« - Ce n’est pas bien d’avoir un tel effet sur moi savez-vous ? Parce que vous ne savez pas ce dont je peux être capable de faire dans de telles circonstances… »

Elle avait prononcé ces mots, tout en les pensant. Ce n’était pas un effet de la vodka bue en début de soirée, mais belle et bien la réalité. Combien de fois cette demoiselle avait-elle succombé au charme d’un jeune homme ravissant ? Assez pour savoir que si ce cher Daniel continuait ainsi, elle n’arriverait plus à se tenir tranquille et le chaton timide que tout le monde connaissait deviendrait une vraie tigresse, ne laissant sa proie à aucun autre prédateur…

Et il lui avait répondu que ça l’intéressait ! Elle ne savait pas si c’était ce à quoi elle s’attendait ou pas. Mais ce qui était dit, était dit et elle ne pourrait plus l’éviter… C’est sur ces pensées qu’elle se rendit compte que la main droite du jeune homme était descendue dans le bas du dos. Il se détacha de la petite anglaise, s’enfonca dans la foule dansante et sans en avoir spécialement l’intention, elle le suivit, attirée par la paume du jeune homme qui l’attirait vers lui. Elle ignorait où il se dirigeait mais ne craignait rien. Quelconque intention avait-il, Daria ne pouvait se plaindre, elle l’avait cherché et n’en attendait pas moins.

Les lumières du bar arrivèrent à percer les iris vertes de la jeune fille et celle-ci fut un peu décue… Après tout, qu’attendait-elle de lui, que ce professeur à l’air hautain de l’académie l’attirerait dans un lit après quelques pas de danse ?! Elle prit l’initiative de s’asseoir sur un des tabourets proche du comptoir et déposa son coude nu dessus sans attendre que son cavalier fasse de meme.

« - Toujours seule demoiselle ? »

L’homme qui lui avait un peu plus tôt servit une vodka venait lui reparler… Non mais il se prenait pour qui ? Il croyait quoi ? Que c’était est lui qui allait se faire la petite anglaise ? Même si ce jeune homme était beau gosse, servait bien et était accueillant, la demoiselle n’aimait pas ce genre de personnes… S’il voulait draguer des demoiselles, il n’avait qu’à ne pas faire ce métier, tel était l’avis de la brunette alors que d’autres auraient déjà succombés à son charme… Elle, ça l’énervait ! Elle le dévisagea. Il avait des yeux de couleur foncée, des cheveux bruns très court et un magnifique sourire Colgate. On ne pouvait pas dire qu’il était mal foutu, loin de là. Mais le fait qu’il drague la demoiselle alors qu’il était censé la servir en boissons la mettait hors d’elle même et c’est probablement cela qui la poussa à répondre :

« - Vous voyez bien que non ! »

Elle descendit alors de son tabouret pour être plus près de Daniel, l’enroula de son bras droit, attira son visage de la main gauche et, après avoir lancé un dernier regard au garçon derrière le bar, l’embrassa fougueusement… Au contact de ses lèvres, elle se rendit compte de la boulette qu’elle venait de faire… Un souvenir plutôt récent lui revint… Un jogging… de la neige… de l’eau… un baiser… Avait-elle eut le droit de faire ça ? Après tout… elle ne connaissait pas Gregor et avait juste échangé un baiser avec lui… mais… il était si diffèrent des autres… à la fois mystérieux, gentil et mignon… Elle s’en voulut affreusement de ce geste qu’elle venait de faire, ainsi que des paroles qu’elle avait prononcée… Mais il était trop tard, ce qui était fait, était fait… Elle pria seulement que cela reste dans ce bar et que personne ne sache jamais cette erreur qu’elle venait de commettre et celles qui suivraient parce qu’à présent, elle était totalement hypnotisée par le regard bleu qu’était en face d’elle… Tant qu’a faire une erreur autant y prendre du plaisir… Serena Jones venait de reconquérir la place dominante dans l’esprit de la petite anglaise… Cette nuit-ci, le corps de la jeune fille serait égoiste et ne penserait au bonheur de personne sauf le sien.

Alcool… Tu rends certes la confiance en soi, mais tu reprends en échange l’esprit juste…

Les intentions du barman avait été aussi claires pour la jeune fille que s’il les avait dites à haute voix. En Angleterre, elle aurait cherché Edward et ils lui auraient bien montré qu’elle n’était pas seule. Sauf que cette fois-ci, Edward ne serait pas là. Elle avait, par contre, Daniel. Elle n’était pas une fille à se jeter dans les bras du premier venu et elle était sure que si c’avait été un autre, elle ne l’aurait pas fait. Mais cet homme lui inspirait confiance et elle l’embrassa. Ses lèvres étaient douces et Daria rougit lorsqu’elle se rendit compte à quoi elle pensait. Ce petit changement de couleur passa toutefois inaperçu. Le jeu des lumières était trop rapide pour se rendre compte de n’importe quel changement de ce genre.

- Quelle démonstration

Elle rougit une fois de plus sans que cela ne se voie. Elle n’avait vraiment pas l’habitude d’embrasser des inconnus et depuis qu’elle était à San Francisco, elle ne faisait que ça !
Elle se demanda alors ce qu’il lui arrivait. Était-ce toujours les effets du changement d’heures ? Non, impossible elle était ici depuis plus de 3 semaines… Ca devait probablement être cette résolution de ne plus être timide qui lui montait à la tête. Mais elle ne pouvait se plaindre, cela lui plaisait suffisamment pour continuer.

- Il fait chaud ici ; tu ne veux pas sortir un coup ?

Effectivement, il se faisait chaud. La demoiselle ignorait si c’était un effet produit par le baiser où si la foule se chauffait de plus en plus, mais elle accepta immédiatement en faisant un signe de la tête et le suivit. Il arrivait à passer en travers de la foule sans jamais être bousculé, comme si tout le monde savait que s’ils faisaient un faux pas, il allait les retournés. Mademoiselle Jones était bouche bée de cette ambiance qu’il mettait tout autour de lui. Pourtant il ne lui avait semblé antipathique que lors de leur première conversation, dans la cuisine de l’académie. Elle s’en souvenait vaguement, mais les souvenirs s’arrêtait à du « bizarre ». Elle était pourtant persuadée que dans le fond, il n’était pas comme ça. Peut-être parce qu’elle avait déjà vécu avec une personne de ce genre, qu’elle avait réussi à décrypter ce qui faisait ce caractère repoussant et qu’elle s’était finalement rendue compte que cette personne agissait de cette façon pour se protéger de quelque chose qui lui avait fait mal dans son passé. Elle se demanda donc qu’avait été, pour monsieur Dohersten, cet élément sur lequel se basait son caractère et dans cette envie de tout savoir, elle n’avait pas fait attention qu’elle se trouvait dehors. C’est lorsqu’une légère brise marqua son passage d’un frisson qu’elle aperçut le changement de lieu.

Elle regarda l’homme qui se trouvait devant elle et sembla surprendre un air agacé, probablement causé par ce baiser inattendu. Immédiatement, elle se sentit coupable mais ignorait de quoi. Elle tenta tout de même de s’excuser, pour ne pas paraitre pour une dévergondée de première…

- Excuse-moi pour tantôt… Tu étais mon seul échappatoire, je m’en suis servie.

Ces mots furent prononcés naturellement, aucune trace de gêne ne put être perçue dans sa voix, elle s’étonnait elle-même de ce progrès. L’alcool devait sans doute y être pour quelque chose, mais en Angleterre, même en étant légèrement pompette, sa timidité l’emportait dans des situations gênantes. Or aujourd’hui, elle avait réussi à se surpasser et ce petit détail la rendu bizarrement heureuse. Un sourire s’afficha sur son visage.

- Je peux te poser une question qui est complètement hors contexte ?

Hors contexte ? Effectivement, elle l’était. Totalement même. S’il acceptait, elle tenterait de la poser sans paraitre indiscrète. Sinon… Bah tant pis ! Au pire elle paraitrait encore plus pour une conne, car elle était persuadée qu’après ce baiser, le peu d’estime qu’il avait eu pour elle était retombé.