Ma fierté, ma bataille - Dan n' Salammbô {Entraînements

Il faisait meilleur, depuis quelques jours. Daniel n'avait d'ailleurs pas suivit cette évolution des saisons : il s'était renfermé dans un monde parallèle à celui-ci sans ce soucier des autres. Il était le soleil de sa vie et s'en contentait. Tout récement sorti de sa simili-hibernation, l'ours brun bailla longuement ; un léger rhume lui chatouillait la gorge depuis quelques jours. Paré d'un pantalon d'une marque dont on n'aurait plus su déterminer la provenance tellement il était usé et d'un polo propre, le français s'était dirigé vers les écuries. Á présent, il était à cheval, dans le manège olympique. Daniel et la belle baie étaient absolument seuls dans cet immensité sablonneuse : livré à eux-mêmes.

Après quelques dix minutes d'un pas de détente, à chacune des deux mains, il reprit ses rênes, créant un contact main-bouche avec Salammbô. Ses mollets collés le long de la selle et de la sangle en cuir quémandèrent à la baie le trot. La belle réagit à la pression par un petit saut qui la projetta dans un trot, Daniel lui laissa prendre le trot qu'elle voulait, il ne devait pas, selon ses théories, la pousser dès le début. Les rangées de gradins l'impressionnaient toujours autant, le français paraissait tout petit dans cet immense batîment dédié aux représentations. Le maître mot restait détente, sur les lèvres humectée de beau brun. Et aujourd'hui, il n'avait pas d'autre objectif que de détendre, le travail ne porterait pas ses fruits car il ne se sentait pas au meilleur de sa forme : faiblesse soudaine ? Peu importait pour le moment. Petit à petit, tour après tour, Daniel commença à dessiner des cercles puis il osa des voltes qu'il resserra. Pour ces exercices, toujours les mêmes aides. Étant à main droite, le cavalier reculait sa jambe externe, la gauche et gardait la droite à la sangle ; ses mains restaient fixes et l'interne s'ouvrait en rêne d'ouverture, laissant libre cours aux cercles. Ensuite il changea de main, par une diagonale sur laquelle il allongea visiblement le trot, avançant les mains et encourageant de ses mollets. Arrivé à la piste, il reprit un trot de travail, enfin, il essaya... car Salammbô releva soudainement la tête, empêchant tout contact. Le beau brun avança les mains, laissant assez de rênes à la belle pour qu'elle se repose sur ses quatre membres puis la corrigea d'un coup de cravache sur la croupe. Il n'aimait pas le fait de frapper un cheval car frapper est un acte sans raison mais corriger un animal était important puisque raison il y avait ! Le duo évoluait à présent à main gauche et daniel devait prendre compte que la jument voyait le manège d'un autre oeil le manège puisqu'il venait d'y avoir changement de main : il se pouvait qu'elle aie peur de quelque chose même d'anodin. Pas à pas il reprit ses exercices de voltes et de cercles, les uns succédant aux autres. Ses aides changèrent : jambe droite reculée, la gauche à la sangle et la rêne d'ouverture exécutée par la main interne donc la gauche. La baie s'incurvait autour de sa jambe de cavalier expérimenté mais parfois encore il voyait ses yeux se révulser, rouler dans leur orbitre. Daniel ne savait pas pourquoi mais la jument gardait une certaine forme de répulsion envers lui ou bien envers les hommes en général. Son seul recours à la chose était de son montrer attentionné mais la belle niait ses efforts. Le brun continua ses voltes, obtenant une incurvation et une mise en main de plus en plus précises, échouant parfois, quand Salammbô décidait que cela n'allait plus. Souvent elle se levait, souvent il la corrigeait mais toujours il recommençait, variant cependant les exercices, changeant souvent de main...

Quarantes minutes de travail et pas une foulée de galop, Daniel se limita à cette sortie et laissa la baie marcher rênes longues pour éliminer l'excès de tension qu'elle venait d'accumuler dans la nuque. Elle accueillit cet arrêt comme une bénédiction et en profita pour marcher tête au sol, étirant sa colone vertébrale. Le cavalier profita lui aussi de ce moment de repos physique, il laissa aller Salammbô tout en suivant ses mouvements, il se surpris à lui faire confiance en fermant les yeux. Et les paupières closes, il continuait de deviner ses expressions, oreilles toutes avant, yeux roulant, peut-être ?