[Dan]Pensées sombres quand la nuit tombe, pensées noires quand vient le soir

Gabriel poussa la porte de la cuisine en baillant et trouva l’interrupteur à tâtons. Il portait un bas de pyjama et t-shirt large déchiré qui laissait entrevoir ses muscles luisants. Il détestait faire des cauchemars, surtout lorsqu’il le faisait transpirer pour une raison obscure dont il était incapable de se souvenir au réveil. Il regarda et fut surpris de trouver la pièce complètement vide, il avait toujours pensé que les insomniaques étaient nombreux. Il attrapa un verre propre dans l’armoire et se dirigea vers l’évier, il ouvrit violemment le robinet et l’eau coula brusquement, lui arrachant le verre des mains qui alla se briser contre le fond de l’évier. Il regarda sa main pleine de sang sans vraiment la voir. Le beau jeune homme était plongé dans ses pensées. Le problème c’est qu’il se souvenait avoir eu se genre de sentiment, une lassitude intense, qui vous ronge de l’intérieur. Il se rappelait de la dernière fois où il s’était sentit comme ça et ça c’était fini dans une ambulance, direction l’hôpital. Le sang continuait à goutter lentement de la profonde coupure. Il ferma les yeux, depuis combien de temps était-il dans cet état ? Il n’en savait rien. Deux, peut-être trois jours ? Il avait été si content d’être accepter dans cette académie et pourtant depuis qu’il était arrivé, la seule belle chose qui se soit produite avait été sa rencontre avec le bel hongre bai, Gym… Il sourit en pensant au magnifique qui l’avait accepté et rendu heureux. Mais dés qu’il quittait les écuries, il se retrouvait figé dans la glace, isolé des autres, incapable de leur parler… Il faut dire que la plupart d’entre eux se connaissait et qu’il était un étranger qui n’avait pas un air franchement sympathique. Et aucun d’eux n’avait fait le moindre effort pour essayer de le connaitre. Il serra le poing et le liquide vermeille jaillit de plus belle de la plaie. De toute façon, il n’y avait rien à découvrir, il était une carcasse vide et inintéressante. Quel idiot il avait été de croire que cet endroit l’aurait changé et quel imbécile d’avoir eu l’esprit effleurer par la pensée qu’il était possible qu’il soit un bon cavalier. Il avait regardé les autres et lui n’avait rien à faire parmi eux… Il rouvrit les yeux et remarqua que sa vue était brouillée par les larmes. C’était la meilleure, en plus d’être un bon à rien, il était une chochotte. Il sourit nerveusement et murmura :
"Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi mon vieux Gabriel ?"
Il se sentait bête et lorsque son regard se posa sur sa main, il rit et secoua la tête. Il devait avoir l’air encore plus pitoyable qu’il ne le croyait… Il tourna à nouveau le robinet mais plus doucement et se mit la tête sous l’eau. Le liquide glacé coula dans son cou, sur ses joues, effaçant toute trace de larmes. Il se releva, les cheveux ruisselant et attrapa un essuie qui séchait. Il l’utilisa pour bander sa main. Il se colora presque immédiatement de rouge. Peut-être que s’était plus grave qu’il ne le croyait… Il regardait autour de lui pour trouver une solution quand une ombre passa devant la porte et il inspira profondément et appela :
"Heu… Salut ! Tu pourrais m’aider ?"

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Gabriel regarda avec désespoir son essuie rouge de sang. La voix masculine cinglante qui lui répondit lui fit l’effet d’une douche froide… Pas de doute, il aurait mieux fait de rester là à se vider de son sang plutôt que de demander de l’aide.
"Hum… Je suis un peu chargé ! Qu’est-ce qu’il y a déjà ?"
Ces paroles glacées lui indiquèrent immédiatement qu’il avait affaire à un professeur et manifestement, il était loin d’être commode. Il entendit un bruit mat et un homme grand, brun entra :
"Voilà, je suis là…"
Lorsqu’il le vit dans l’entrebâillement de la porte son cœur fit un bon dans sa poitrine, ce garçon ne devait pas avoir 20 ans ce qui voulait dire qu’il était plus jeune que lui et il se permettait de lui parler si sèchement… Puis il se reprit et le fixa, ce qui attira le plus Gaby fut ses yeux profonds et expressifs. En plus, il bougeait d’une façon étrange, presque trop sensuelle pour un homme et étrangement le blessé l’aima tout de suite autant qu’il le détesta. Il était prétentieux mais Gabriel se reconnu en lui, comme si lui aussi avait eu la vie dure et voulait se protéger des autres en agressant ceux qui tentait de s’approcher… Il se rendit soudain compte qu’il le détaillait de la tête au pied depuis un certain temps, sans parler. Avec un sourire gêné il lui montra sa main et s’excusa
"Désolé de vous déranger… Mais j’ai fait l’imbécile et je me suis coupé… Comme je ne suis pas là depuis longtemps, j’ignore où je pourrais trouver de quoi me soigner… "
Gaby eu un sourire satisfait, le vouvoiement et l’air débile était une technique rodée. Il voulut faire un pas pour s’approcher du beau brun quand sa tête se mit brusquement à tourner, sa vue se brouilla à nouveau mais ses yeux étaient secs et soudain tout devint noir, il sentit seulement le choc lorsqu’il s’écroula à terre. Avait-il perdu autant de sang que ça ?

Le jeune homme cligna des paupières et la vision qui l’accueillit le fit sourire puis il se reprit. Le monde tournait et il sentait à présent une vive douleur dans le doigt et le poignet. Deux coupures… Il avait fait fort cette fois ! Mais cet élancement signifiait que les plaies cicatrisaient… Tant mieux ! Il reporta son attention sur le monde extérieur et réalisa qu’il n’était plus sur le sol froid de la cuisine mais que le grand brun l’avait porté sur le canapé [Quel Hercule^^]
"On reprend ses esprits ?"
Gabriel voulut répondre mais aucun son ne franchit ses lèvres sèches. Il se sentait bizarre, étrangement bien, comme si la douleur lui avait ramené les pieds sur terre. Il lança un regard à son beau sauveur dont les yeux le transpercèrent une fois de plus… Il devait encore être dans le cirage pour que la simple idée d’un baisé lui effleure l’esprit… "Hola, Gaby qu’est-ce qui te prend, tu aimes les femmes… T’es pas homo ni bi !" Il parvint enfin à s’en convaincre mais la chose étrange fut qu’à l’instant même ou il se l’entra dans le crâne, une haine aveugle lui étreignit le cœur. Non mais ! Ce mec se permettait de le draguer [même s’il n’en était pas conscient], alors qu’il ne connaissait rien de lui ! Il articula difficilement quelques mots :
"M… Merci… C’est sympa de m’avoir aidé mais ça m’avance pas trop..."
A partir du "mais", les mots avaient été presque inaudibles mais le visage du beau brun était si près du sien qu’il eut peur qu’il les ait entendus. Comme pour se racheter, il tendit une main amicale et dit tant bien que mal
"Gabriel James… Ravi de te rencontrer…"
Il entendit à peine la réponse jaillie des lèvres attirantes tant le désir d’embrasser et de frapper leur propriétaire lui étreignait le corps…

Gabriel remarqua la mine songeuse du beau brun, aucun doute, il commençait vraiment à lui courir sur le haricot avec sa petite coupure…
"Daniel Tarek Dohersten ! Vous êtes élève ?"
"Merci pour l’eau… et oui, je suis élève. Enfin, j’ai posé une demande pour suivre les cours d’Antoine Hurj. Mais je n’ai pas encore eu de réponse… En fait, je suis nouveau et…"
Le canadien s’arrêta net en se rendant compte qu’il ennuyait profondément ce Daniel. Il rit intérieurement en pensant que le fait de n’avoir parlé à personne depuis son arrivée, provoquait un in interruptible flux de parole dés qu’il commençait. Il décida que c’était le bon moment pour s’assoir. Il prit appuis sur sa bonne main et se redressa. Il offrit un petit sourire forcé à son ‘sauveur’
"Et toi, tu es élève ?"
Il sentit que ces mots le perturbèrent mais il ne chercha pas plus loin. Il fit bouger doucement ses doigts et son poignet, pas de problème à part une horrible douleur. "Ok, c’est bon", pensa-t-il. "Je vais laisser ce mec tranquille maintenant, à voir ses sacs, il était sur le point de s’installer…" Le jeune homme se releva, le décor vacilla mais il parvint à garder l’équilibre en s’appuyant sur l’épaule du garçon. Il retira brusquement sa main en s’en rendant compte et s’excusa et tenta une plaisanterie complètement nulle
"Désolé, mon cerveau vient de me trahir… Encore une fois…"
Il grimaça en remarquant l’imbécilité de ses paroles et il donna le change en s’éloignant lentement du grand brun. Il avança doucement jusqu’à la porte et se retourna une dernière fois
"Merci pour le coup de main… Je suis chambre 8, si jamais tu as besoin de quelque chose, je te rendrait la pareille…"
Il se retrouva dans la couloir, appuyé contre le mur le souffle coupé tant la douleur déchirait son bras jusqu’au coude, il serra les dents et se remit en marche. Il ne l’avouerait jamais, mais en son fort intérieur, il croisait les doigts pour que le grand brun le rappelle et lui demande quelque chose, n’importe quoi. Juste pour pouvoir parler à quelqu’un et ne pas se retrouver à nouveau enfermer dans sa solitude. En plus, il avait beau le trouver haïssable pour sa froideur, un sentiment étrange l’avait envahis depuis leur rencontre. Certainement pas de l’amour, plutôt un désir violent… Une bêtise, peut-être seulement une sensation due à sa blessure... Pourvu que ce ne soit que ça...