« Chambre 11* »

Vingt et un décembre. Il faisait froid, l'hiver était à son point culminent. La neige étincelait féériquement au soleil, offrant un aspect mystérieux au domaine. Le temps était plutôt agréable : ni humide, ni venteux. Une après-midi excellente en somme pour faire une petite ballade dans les bois en compagnie de sa chère et tendre. Sauf que Nathaniel n'était pas là pour une promenade de santé ; il venait de tout quitter, ses écuries agréables, ses amours de chevaux et sa famille pour tout reprendre à zéro dans un milieu totalement inconnu. Un ami à lui avait vanté les mérites de l'académie de Training Helps, prônant les résultats de ses cavaliers en concours et de la qualité du corps professoral ; depuis, une petite idée saugrenue avait germé dans son esprit. Nate se souvenait encore parfaitement du jour où, vêtu d'un pantalon Pikeur et de ses bottes en cuir il avait fait face à ses parents pour leur dire : 'Je m'en vais. Deux ans. Je n'en serais que meilleur.' Sa mère lui avait sourit, son père avait aquissé pour se replonger dans son journal. Trois phrases, dix mots. Fin de la discussion.
Attardons nous sur le présent. Ce bel homme venait de descendre du taxi qui l'avait véhiculé entre l'aéroport et le domaine, trois valises à la main. Il remercia le chauffeur, glissa un billet vert dans le creux de sa main pour le congédier d'une voix pressée. Il était enfin arrivé, et avait hâte de faire la connaissance de ceux qui paraissaient si doués pour le presse équine. Selon le courrier qu'il avait reçu, il était associé à la chambre numéro onze, en colocation avec une certaine jeune femme nommée Oriane Wooter. Inconnue. Nathaniel prit ses bagages BR en main et s'avança d'un pas actif vers le centre des infrastructures. Selon le plan qu'on lui avait indiqué, les chambres étaient placées dans le pensionnat, au fond de la cour ; il posa donc sa main sur la poignée de la porte menant au grand bâtiment réservé aux élèves.
' Nous y voila enfin ', songea-t-il. Il avait hâte de sélectionner précisément une monture, démarrer son entrainement, commencer les cours. Le souffle court, il grimpa quatre à quatre les nombreux escaliers. Un long couloir. Les chambres s'alignaient solennellement, prônant leur numéro d'une façon on ne peut plus voyante. Numéro onze. Il toqua doucement ; pas de réponse. On lui avait fournit un pass, qu'il fit glisser dans la serrure dorée de sa nouvelle demeure pour pénétrer dans la pièce. Il soupira de soulagement : grande, spacieuse, lumineuse. Il lui fallait un minimum de confort pour survivre, et il l'avait !